On ne dira jamais assez le danger des réseaux sociaux. À la suite d'un attentat contre un train tout près de chez elle, à Kolabagan, un bidonville de Calcutta, Jivan a posté sur Facebook un commentaire hostile à l'inaction de la police, dans lequel elle mettait aussi en cause le gouvernement. Puis cette jeune musulmane a échangé en ligne avec divers individus, dont, semble-t-il, l'un des auteurs de la tuerie qui a fait cent douze morts. Jivan va alors connaître une véritable descente aux enfers. Arrestation, prison, procès à charge, condamnation à mort, grâce rejetée... Étant donné sa religion et son côté révolté contre sa condition misérable, la justice voit en elle une ennemie publique dont il faut jeter la tête au peuple. Et personne n'y pourra rien : ni son avocat soudoyé ; ni Lovely, un hijra à qui Jivan apprenait à lire, qui témoigne mollement en sa faveur de peur de compromettre sa gloire naissante au cinéma ; ni Monsieur EPS, son ancien prof, qui s'est lancé dans une carrière politique à coups de faux témoignages et de compromissions. Il fait ce que son parti national-populiste, parvenu au pouvoir, lui demande. Et Jivan constitue un dossier encombrant dont il faut se débarrasser à tout prix. Ce roman choral, cruel et sombre, est le premier de la jeune Megha Majumdar, une Bengalie installée aux États-Unis, qui porte sur son pays d'origine un regard sans concession. Le puissant y triomphe toujours du faible, et la canaille de l'innocent. Une simple fiction ?