Le volume en impose. Louons les éditions Wombat qui proposent aujourd’hui aux lecteurs français la première traduction d’un classique inédit du grand Stephen Leacock (1869-1944), auteur, entre autres pépites, de L’île de la tentation et autres naufragesamoureux (Le Dilettante, 2003) et de Panique à la banque (Rivages, 2008). Pour Bienvenue à Mariposa, opus de 1912, la maison de Frédéric Brument a eu la bonne idée de conserver la maquette originale, avec dos toilé et jaquette, telle que l’a voulue l’un des plus fervents admirateurs du livre, le dessinateur Seth. Celui-ci, qui a signé des couvertures du New Yorker et des romans graphiques comme La vie est belle malgré tout (Delcourt) et Le commis voyageur (Casterman), s’est chargé ici du graphisme et de la postface où il explique comment Bienvenue à Mariposa est un jour entré dans son existence.
Economiste, universitaire, Stephen Leacock écrivait aussi à ses heures perdues ce qu’il nomme des "broutilles humoristiques". Au début des années 1910, il frappe encore plus fort en créant une petite ville florissante de l’Ontario, au bord d’un lac, et ses habitants. Le lecteur découvre pas à pas un monde à part, à la tranquillité apparente. Et se familiarise avec Mariposa, son hôtel, son salon de coiffure, son église, sa boucherie fondée en 1882, ses deux banques, ses rues bordées d’ormes. Avec le révérend Drone et le juge Pepperleigh, M. Smith et son gilet à carreaux, et avec M. Gingham, l’entrepreneur des pompes funèbres. Leacock réussit un tour de maître : épingler le provincialisme des lieux tout en en montrant le charme. Prenant et drôle, Bienvenue à Mariposa mérite amplement le détour. Al. F.