Marie-Sabine Roger a écrit plus d'une centaine de romans pour petits et grands mais jamais encore un texte aussi personnel. Elle qui ne tient pas de journal intime avoue qu'elle ne sait pas vraiment ce qui l'a poussée à commencer ce récit, peu de temps avant que sa mère n'entre dans l'un de ces désormais tristement célèbres Ehpad où elle s'est éteinte le 18 février 2020, à 94 ans. Dernière visite à ma mère se présente avec pudeur et simplicité comme « une lettre de fille à mère, quelques mots à la fin du jour ». « Placée » est l'un des premiers, terrible de sous-entendus. Puis il y a ceux, directs et touchants, qui évoquent la « longue déroute », ces deux ans et demi durant lesquels, alors qu'elle habitait à huit heures de route de la résidence de sa mère, Marie- Sabine Roger a assisté, dans l'impuissance et la culpabilité, à cette vieillesse faite de mémoire défaite et de renoncement, de cris puis de silence, devenue vie sans goût, nuit sans issue. La peine qui domine est celle de voir peu à peu privée de lecture et de parole cette femme qui n'a jamais été une « mère câline » et restera « énigme irrésolue ». « Tu ne décides plus rien de ce qui fait ta vie. » « Je n'en veux pas aux gens qui travaillent ici, aucune charge personnelle. C'est tout le fonctionnement qui pèche. Comment être humain, sans humains ? », observe Marie-Sabine Roger qui témoigne, au-delà de l'épreuve intime, d'une réalité effrayante de la prise en charge de la dépendance. Mais ce récit est avant tout l'ultime cadeau de mots d'une écrivaine à son « irremplaçable ».
Dernière visite à ma mère
l’Iconoclaste
Tirage: 8 000 ex.
Prix: 18 € ; 144 p.
ISBN: 9782378801724