Née le 19 mars 1928, Marceline Rozenberg avait été déportée en avril 1944, dans le même convoi que Simone Veil à Auschwitz, puis Bergen-Belsen et Theresienstadt, pour être libérée en mai 1945 par l’Armée rouge. Pas du même bord politique, Simone Veil et Marceline Lorida-Ivens sont restées amies jusqu’au bout de leur existence.
Après son divorce avec Francis Loridan, elle rencontre le documentariste Joris Ivens, avec qui, dès les années 1960, elle réalise plusieurs documentaires, notamment dans les pays communistes comme la Chine, l’URSS et le Vietnam. Marceline Loridan-Ivens réalise seule son unique long-métrage de fiction, en 2003, La petite prairie aux bouleaux. Elle fut aussi parfois comédienne. Ainsi la voit-on témoigner sur la déportation dans Chronique d’un été, film de Jean Rouch et Edgar Morin.
De son documentaire 17e Parallèle (1968), elle avait coécrit avec Joris Ivens un livre issu de leur séjour au Vietnam, 17e Parallèle - La guerre du peuple - Deux mois sous la terre en 1969 (Les Editeurs français réunis). Elle ne revient à l’écriture qu’en 2008 avec un récit coécrit avec Elisabeth D. Iniandiak, Ma vie balagan (Robert Laffont). Elle y raconte sa vie dans le camp d'extermination de Birkenau, où elle se lie d'amitié avec Simone Veil. Elle fait également le récit de sa soif de vivre à la sortie du camp, de ses nuits à Saint-Germain-des-Prés, de son histoire d'amour avec le cinéaste J. Ivens et de ses voyages en Asie en pleine Révolution culturelle.
En 2015, elle raconte sa jeunesse marquée par la déportation et notamment son rapport au corps dans Et tu n’es pas revenu, récit écrit avec Judith Perrignon (Grasset), grand prix de l’Héroïne Madame Figaro 2015 (prix spécial du jury), grand prix des Lectrices de Elle 2016 (document), prix de l’Académie Lilas et prix Jean-Jacques Rousseau de l’Autobiographie. Son horreur de la Shoah était toujours intacte. Sous la forme d’une lettre à son père disparu à Auschwitz et en souvenir d'un message qu'il lui a transmis, elle se remémore la haine des nazis, l'amour de ce père idéaliste et la recherche de la paix. Toutes éditions confondues, le livre s’est vendu à plus de 110 000 exemplaires.
En janvier, elle avait, toujours avec Judith Perrignon, publié la suite, soit sa renaissance, sa résilience et sa reconstruction dans L’amour après. Elle relate comment son expérience de condamnée a pu la transformer en un être aimant et aimé, une fois libérée dans le Paris de l'après-guerre. Le livre s’est déjà écoulé à 35 000 exemplaires. Dans ce récit, elle affirmait comme une devise : "Il n'y eut, après les camps, plus aucun donneur d'ordres dans ma vie."