C’est un tandem inédit qui prépare la deuxième édition de Livre Paris, soit la 37e de l’ex-"Salon du livre". Au Syndicat national de l’édition (SNE), Pierre Dutilleul, directeur général, qui a succédé à la déléguée générale Christine de Mazières le 31 mars dernier, connaît bien ce rendez-vous en tant qu’éditeur pour avoir travaillé vingt-cinq ans chez Editis, dont il fut directeur délégué. Il vivra cette fois la manifestation en tant que coorganisateur.
De son côté, Reed Expositions a recruté au printemps Sébastien Fresneau comme nouveau directeur du salon Livre Paris, sous la houlette de Corinne Ménégaux après que le groupe a complètement réorganisé la branche d’activités dont il relève. Exit Jean-Daniel Compain, qui dirigeait le pôle Culture et loisirs, parti à la Biennale des antiquaires. Exit encore l’éphémère commissaire de l’édition 2016, Laurence Paul Keller, qui avait remplacé Bertrand Morisset, dont l’agence Tome 2 a finalement été aussi écartée de toute mission pour Livre Paris 2017.
Pilotage
Un comité de pilotage restreint SNE-Reed, présidé par Vincent Montagne, est au travail. Les deux partenaires restent contractuellement liés pour trois ans, logés à la porte de Versailles, jusqu’en 2019. Il n’est pas facile de trouver ailleurs dans Paris une telle surface commerciale. Au SNE, ni la gratuité des entrées, expérimentée en février pour la première fois à la Foire du livre de Bruxelles, ni le passage en biennale, un temps évoqué par certains, n’ont été à l’ordre du jour des débats. Le syndicat veut surtout, à l’occasion du changement d’équipe chez Reed, peser davantage sur la manifestation, qui reste son temps fort de l’année. En amont de l’ouverture de Livre Paris, jeudi 23 mars à partir de 14 heures, il proposera ses traditionnelles assises du livre numérique.
Ce qui change
Les critiques sur le calendrier de la manifestation en 2016 - une formule du jeudi au dimanche qui n’a pas convaincu - ont été entendues (1). Retour donc à une ouverture au public le vendredi, pour pouvoir accueillir dignement les libraires lors de la matinée professionnelle du lundi. La nocturne, qui fut un flop en mars dernier, est supprimée, tout comme le grand déjeuner des libraires et le "hors les murs" tenté sur les quais de la Seine, le week-end précédant le salon, dédié à la jeunesse. Mais Pierre Dutilleul prépare un grand événement festif ("quelque chose qui claque", annonce-t-il) en marge du salon, où seront notamment conviés le samedi ou le dimanche, dans un lieu qui reste à définir, les éditeurs étrangers, très présents au salon avec une cinquantaine de pays représentés dont le Maroc, invité d’honneur en 2017.
"Nous avons revu le plan de la manifestation afin d’améliorer le confort de visite", précise aussi Sébastien Fresneau. Le square jeunesse "réinventé" se retrouvera, pour plus de cohérence, près de l’espace BD, comics & manga. Il offrira une véritable scène fermée pour accueillir des spectacles (50 places). Responsable de ce lieu à découvrir et qui sera un bon test des efforts de Reed pour adapter la scénographie aux contenus, Sylvie Chabroux a participé non seulement à sa programmation mais aussi à sa conception, en lien avec Damien Rose, designer de stand chez Reed. "La jeunesse ne sera pas un bras mort du salon", promet-elle. On attend également une amélioration de la sonorisation des animations, pour éviter l’impression de cacophonie qui peut nuire aux meilleures initiatives. De nouveaux espaces plus intimes devraient apparaître, pour un plus grand confort d’écoute.
Nouveaux tarifs
"Le salon a vocation à accueillir tous les publics, rappelle aussi Sébastien Fresneau. Notre nouvelle politique tarifaire permettra aux visiteurs de bénéficier de prix d’entrée très attractifs en réservant leur place en ligne, et en venant le vendredi ou le lundi. De plus, nous avons décidé d’élargir l’accès aux tarifs réduits, notamment aux demandeurs d’emploi." Sur place, l’entrée sera à 10 euros vendredi et lundi, contre 12 euros le week-end. En prévente, jusqu’au 23 mars, à 8 euros les vendredi et lundi, et 10 euros le week-end. Un passe pour grand lecteur est mis en place, offrant à son détenteur un accès illimité pendant quatre jours pour une personne et l’accès à la soirée d’inauguration du jeudi avec un invité (39 euros sur place, 29 euros en prévente). Le tarif réduit est fixé à 6 euros en prévente, 7 euros sur place.
Qui vient ? Qui ne vient pas ?
Au sein d’Hachette Livre, le plus critique par le passé sur le salon, la position reste inchangée : "Ce sont les éditeurs du groupe qui décident d’y aller ou pas", rappelle Myriam Simonneaux (adjointe au directeur de la communication). Stock et Fayard seront absents, mais Grasset, Le Livre de poche et Lattès seront là. Le groupe disposera aussi d’un "corner corporate". Chez Editis, La Découverte ne viendra pas. Les régions sont de retour : Normandie, Grand Est, Pays de la Loire, Ile-de-France, Rhône-Alpes-Auvergne et Nouvelle Aquitaine, invitée d’honneur avec un grand stand devant la scène littéraire. Celles qui restent absentes (Occitanie, Bretagne, Bourgogne, Centre et Collectivité territoriale de Corse) continueront d’aider leurs éditeurs à disposer de stands grâce à des bourses de mobilité.
La programmation
Evelyn Prawidlo, responsable de la programmation, poursuit le travail entamé il y a un an, développant les rencontres sur la scène littéraire. Elle a notamment pour objectif de convaincre trois grands noms de la littérature étrangère de venir en mars à la porte de Versailles, en partenariat avec l’Institut français. Tous les jours, deux auteurs (fiction et non-fiction) auront carte blanche pour inspirer la teneur des débats. Un parcours thématique ("Imagine") trouvera quotidiennement un écho sur chaque square spécialisé.
A l’initiative du SNE, le Forum des métiers sera conçu pour raconter les coulisses de l’édition, présenter tous ses métiers, avec pour cible un public jeune, d’étudiants. Trois matinées, du vendredi au dimanche, seront consacrées chaque jour à deux tables rondes et à un grand entretien, pour dessiner une cartographie de ces métiers. Sur cette scène professionnelle, les après-midi seront davantage dédiés à un public plus large.
Le salon devrait dans tous les cas pouvoir compter sur un argument fort de nouveauté avec le Maroc en invité d’honneur : "C’est la première fois, depuis sa création, que le salon Livre Paris met à l’honneur la littérature et la culture d’un pays du monde arabe", souligne Vincent Montagne, le président du SNE.
(1) Voir notamment "Livre Paris : qu’est-ce qu’on garde ? qu’est-ce qu’on jette ?", LH 1078, du 25.3.2016, p. 16-21.
Le club des cinq
Une équipe mixte (SNE/Reed) œuvre en coulisse à la préparation de Livre Paris.