L'audience s'est ouverte aux alentours de 10 heures du matin avec la voix d'Asli Erdogan : "Je vais m'exprimer comme si le Droit existait...". Ensuite, Necmiye Alpay a pris la parole, en faisant référence à la citation apocryphe de Voltaire : "Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire". Eren Keskin, avocate et vice-présidente de l'Association turque des droits de l'Homme (IHD), a expliqué : "Ceux qui défendent la liberté de pensée sont jugés ici, pour être membres d'organisation armée. C'est une chose inconcevable."
La militante pour la défense des droits de l'homme et des minorités (Kurdes, Arméniens, transexuels…), Asli Erdogan, avait été arrêtée le 16 août 2016 en Turquie pour ses écrits dans le journal Özgür Gündem, fermé le même mois. Son incarcération avait suscité une vague de mobilisations, dont le lancement d'une pétition internationale récoltant à ce jour plus de 45 000 signatures. Sa libération provisoire est un premier pas car son état de santé ne cesse de se détériorer, comme le rappelait le 12 décembre à Paris, durant une soirée de solidarité à la Maison de la Poésie, sa mère Mine Aydostlu. Celle-ci avait longuement expliqué qu'Asli Erdogan souffrait d'asthme, de diabète, et qu'elle n'était pas soignée en prison.