Amazon et Apple, les deux leaders du marché, sont directement visés. Actuellement, un livre numérique acheté sur Amazon.fr ne peut être lu que sur le Kindle, la liseuse du cybermarchand, ou sur une de ses applications. Laquelle liseuse n’accepte pas le format ouvert Epub.?Il en va de même avec l’iBook Store, la librairie numérique d’Apple, qui n'autorise la lecture que sur les terminaux de la marque à la pomme.
Le projet de réglementation serait porté par la Direction Générale (DG) Marché intérieur, selon une source proche du dossier. L'information a fuité lors de la préparation du Forum de Chaillot, organisé à la fin de la semaine, les 4 et 5 avril, à Paris par le ministère de la Culture français. La DG Marché intérieur voudrait ainsi se faire pardonner auprès des éditeurs pour son initiative de révision de la directive sur la propriété intellectuelle, jugée incompréhensible et inutile.
Intérêts numériques
Editeurs et libraires européens expliquaient depuis longtemps les inconvénients de ces systèmes propriétaires aux membres du cabinet de la DG Marché Intérieur, qui n’y accordaient qu’une attention distraite. Mais l’affaire a pris une réalité concrète à partir d’une circonstance tout à fait fortuite : l’un des membres britanniques de ce cabinet, très grand lecteur sur Kindle, hégémonique au Royaume-Uni, s’est aperçu qu’il ne pouvait partager ses ebooks, notamment l’édition numérique du Petit Prince qu’il affectionne particulièrement, avec une jeune française de la DG Culture, utilisant la liseuse Bookeen. Laquelle collègue ne pouvait pas plus lui transmettre, sur ledit Kindle, ses lectures annotées de DH Lawrence.
Très remonté, il aurait tout d’abord réussi à entraîner le cabinet sur un projet très dur, prévoyant une mise à jour obligatoire des appareils d’Amazon et d’Apple, et de tous les livres numériques qu’ils ont vendus jusqu’à maintenant, dans les trois mois suivant la directive. Ramenée à la raison par les techniciens de la DG Connect, la DG Intérieure s’est résolue à suivre le processus lent mais récemment couronné de succès, qui oblige tous les fabricants de téléphones portables à n’utiliser que des chargeurs sur prise USB. Cette fois, le premier visé était Apple.