Québec

La Société de développement des entreprises culturelles du Québec (Sodec) subit, depuis le 40e Salon du livre de Montréal (15-20 novembre), de vives attaques sur sa politique de subvention du livre. La polémique a éclaté avec la révélation, à la veille du salon, d’aides massives accordées par la Sodec au groupe Renaud-Bray (46 magasins Renaud-Bray, Archambault et la librairie Olivieri ; au moins 35 à 40 % de part de marché). D’après son rapport annuel, l’organisme parapublic de gestion des subventions du gouvernement québécois au secteur culturel a versé 1,1 million de dollars canadiens (730 000 €) à Renaud-Bray en 2016-2017, contre 7 500 dollars (5 000 €) pendant son exercice précédent. Parallèlement, l’aide de la Sodec aux libraires indépendants n’a pas dépassé 572 000 dollars (381 000 €), plus 237 000 dollars (158 000 €) pour les coopératives en milieu scolaire. "Les librairies indépendantes ont perdu près de 300 000 dollars [200 000 €] pour la promotion et les coopératives ont perdu 140 000 dollars [93 000 €] pour l’informatisation", estime Katherine Fafard, directrice générale de l’Association des libraires du Québec (ALQ) dans le quotidien Le Devoir.

De bonne source, Renaud-Bray aurait mobilisé plusieurs avocats pour faire valoir que les librairies Renaud-Bray et Archambault bénéficient, comme les librairies indépendantes aidées, d’un agrément officiel qui leur permet de recevoir des subventions. Mais pour les éditeurs québécois, ce n’est pas le groupe de Blaise Renaud qui est en cause mais, comme le résume Arnaud Foulon, le vice-président de HMH, "la Sodec qui n’a pas joué son rôle et n’a pas défendu les éditeurs québécois". Les éditeurs assurent que les subventions à Renaud-Bray lui permettent de promouvoir, sous l’égide de la Sodec, des titres étrangers comme celui de Dan Brown.

Interpellée par les éditeurs lors de sa visite au Salon du livre de Montréal, le 17 novembre, la nouvelle ministre de la Culture et des Communications du Québec a assuré se pencher sur le dossier, sans pour autant préciser ses intentions. En attendant, la P-DG de la Sodec depuis janvier 2014, Monique Simard, a annoncé que son mandat ne serait pas renouvelé malgré le soutien de son conseil d’administration. Selon Le Devoir, le gouvernement québécois l’avait informée de cette décision en septembre, mais attendait la fin de son mandat, le 5 janvier, pour l’annoncer.                       Fabrice Piault

24.11 2017

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