Quelques semaines après la clôture du Festival de Cannes et son marché du film, les producteurs et éditeurs reprennent le chemin des négociations. Ce jeudi 6 juin, au sommet de l’espace Belvédère de la Bibliothèque nationale de France (BNF), 70 maisons d’édition étaient représentées aux Rencontres de l’audiovisuel de la Société civile des éditeurs de langue française (Scelf). Face à elles, une centaine de producteurs venus découvrir 350 projets potentiellement adaptables, réunis dans un catalogue.
Philippe Robinet, Président de la Scelf, y voit la preuve inéluctable de « l’importance des adaptations dans l’écosystème éditorial. » Ce ne sont pas les études récentes qui lui donneront tort : en février, Forbes révélait que 30% des contenus anglophones à succès sur Netflix sont des adaptations. L’année d’avant, une étude du Centre National du Livre (CNL) fixait la progression des adaptations littéraires à 28% en France, notamment grâce à l’audiovisuel et aux séries.
« Les éditeurs ont une expertise que nous venons compléter » affirme Philippe Robinet. Et le rôle de la Scelf sur ce marché ne fait que s’étendre : l’opération Shoot the Book s’est récemment élargie aux festivals de séries, et s’est exportée à l’international, jusqu’en Amérique du Sud.
Place aux jeunes talents
Pour Louis Jacobée, chargé de droits audiovisuels du groupe Madrigall, les rencontres de l’audiovisuel permettent non seulement d’anticiper la rentrée littéraire, mais aussi de mettre en avant toute la diversité de la littérature jeunesse, dans laquelle il est spécialisé. « Il y a le type de récits qui seront très plébiscités par les studios d’animation, mais il ne faut pas oublier la littérature jeune adulte, qui contient du thriller, du fantastique… Et beaucoup de nouvelles voix, et donc de jeunes autrices », explique-t-il.
Venue représenter Les Arènes et L’Iconoclaste, Alba Beccaria souligne aussi cet accent mis sur les talents émergents : « Nous publions deux premiers romans par an, et 90% d’entre eux font l’objet d’un contrat. » Sans oublier la présence du Goncourt 2023, Veiller sur elle de Jean-Baptiste Andrea, dont les droits ont été vendus.
Qu’elle soit « dark », « light » ou empreinte de fantasy, la romance est omniprésente dans le paysage éditorial actuel. Et, par effet ricochet, sur celui de l’adaptation. Olivier de Galli, directeur des droits dérivés des éditions Glénat, commente : « Depuis deux ans, il y a un engouement public pour ce type de récits. » En 2021, le groupe a fait l’acquisition des éditions Hugo Publishing, experts en la matière. « Nous avons actuellement cinq titres sous options actives » précise Olivier de Galli. « Les premières adaptations devraient arriver courant 2026. »
« Nous allons à la source des bonnes idées »
« À la fin de la journée, on voit quelles idées nous ont le plus marqués » glisse un producteur. Il met un point d’honneur à se rendre à ces rendez-vous en personne, plutôt que d’envoyer un représentant. « En venant, nous allons à la source des bonnes idées, sans filtre au milieu. »
Mais ces rencontres auront bientôt un pendant virtuel. En octobre prochain, la Scelf dévoilera la Plateforme de l’adaptation, une nouvelle base de données où les professionnels du cinéma pourront feuilleter un catalogue qui s’élève à 4 000 titres francophones et anglophones. « Il ne s’agit pas de remplacer les rencontres pour autant » précise Philippe Robinet. « Nous voulons faire vivre le marché de l’adaptation toute l’année. »