Auditionnée le 17 octobre en fin d'après midi à la commission des affaires culturelles et de l'éducation de l'Assemblée nationale, Aurélie Filippetti a rôdé un exercice délicat concernant son premier budget de ministre : montrer que la Culture participait à l'effort de maîtrise des dépenses publiques, tout en soulignant que ce secteur ne s'en sortait pas si mal et disposait toujours de moyens non négligeables.
Sur un total de 7,4 milliards d'euros, l'ensemble Culture, recherche, médias reçoit 3,55 milliards d'euros (-2%), dont 1,211 milliard d'euros en autorisation d'engagement, et 1,218 milliard d'euros en crédits de paiement pour la mission Medias, livre et industries culturelles, a rappelé la ministre, dont l'audition concernait tout particulièrement ce chapitre. L'effort d'économie le plus important est demandé à l'audiovisuel public, qui représente aussi près de 80% des crédits concernés. Le «programme 334», dédié aux seuls «livres et industries culturelles» reste stable, à 248,1 millions d'euros.
Le sort de la librairie a fait l'objet de nombreuses questions au cours de cette audition conduite avec une bienveillante fermeté par Patrick Bloche (PS, Paris), président de la commission, bien que cette mission «Médias, livres et industries culturelles» comprenne notamment le budget de France Télévision, dont celui de France 3, et le budget des aides à la presse, deux relais d'influence dont se préoccupent beaucoup les élus de la nation.
Objectifs fixés
«Le développement de la création littéraire, la diffusion du patrimoine écrit et le soutien à tous les acteurs de la chaîne» constituent les priorités du ministère alors que le livre vit «une transition numérique difficile», a souligné Aurélie Filippetti. L'établissement d'un contrat d'édition numérique, l'encouragement au développement de la lecture, notamment chez les plus jeunes, font également partie des objectifs fixés.
La mise en oeuvre du plan réseau des libraires sera poursuivie et les dispositifs de soutien aux libraires indépendants, multiples et touffus, devraient être modernisé. L'accès aux marchés publics des indépendants devra aussi être amélioré. «Il faut aider les librairies à faire face aux acteurs mondialisés», a insisté Aurélie Filippetti.
Outre la clarification des aides, Sonia Lagarde (UDI, Nouvelle-Calédonie, et rapporteur du budget de la mission) s'est aussi préoccupée d'une application plus restreinte de la loi Lang, suggérant la suppression de la remise de 5% qui n'est plus utilisée que par quelques grands opérateurs de l'Internet. Isabelle Attard (Ecologiste, Calvados) a aussi souhaité une clarification de la propriété du livre numérique, les lecteurs ne disposant en fait que d'un «sous-livre», en ce sens qu'ils n'ont qu'une licence d'accès à un contenu.