Comme les trois mousquetaires, ils sont quatre. Le narrateur, 24 >ans, fils d'écrivain de plus en plus tenté lui-même par la carrière, mais qui, diplômé d'une école de commerce, a trouvé un stage chez Lehman Brothers. On est en 2004, avant le krach financier international. Stan, un dandy bourgeois qui souhaite changer d'air pour échapper un peu à son père, et à une déception sentimentale. Et Antoine, un autodidacte qui compense ses origines modestes par une inventivité à toute épreuve. A ce chouette trio d'origine vient s'agréger DeBarge, le cousin de Stan, lequel porte bien son nom. Vaguement comédien, complètement barré, glandeur, camé. Comme pas mal de leurs congénères, nos petits Frenchies ont décidé de s'installer à Londres, nouvelle Mecque des bobos et enfants de bobos, colocataires d'un mews ruineux en "short let" à Montagu Square, dans le très huppé quartier de Marylebone.
Tout en explorant la ville de Waterloo Station à Covent Garden, en tentant quelques rencontres féminines - Stan vit une love affair avec Raquel la Madrilène, et les autres partouzeront une fois avec des Américaines -, en menant la dolce vita londonienne, chacun évolue à son rythme. DeBarge partira pour le Népal, Stan se verra contraint par son père de rentrer au pays. Quant au narrateur, vite lassé des "engueulades" rituelles de sa banque, de la façon inhumaine dont y sont traités les employés, il réalise que sa vie n'est pas là, et se lance dans l'écriture du Pays de nulle part, "une autofiction trash et parano" qu'il envoie à plusieurs éditeurs parisiens. Refus, mais la pompe est amorcée. Et c'est à Paris seulement qu'il pourra percer.
Vient donc le temps du retour, d'autant que, l'Angleterre ayant longtemps joué avec le feu en accueillant sur son sol salafistes, wahhabites et autres fous furieux islamistes, Londres vit dans la psychose. Non sans raison : en juillet 2005, une série d'attentats dans le métro et les bus ensanglante la capitale. Il est grand temps de rentrer.
A travers le destin de ces nouveaux Fab Four sympathiques et attachants, Killian Arthur nous livre un deuxième roman sans doute assez autobiographique, générationnel et bien dans l'air du temps. Pas "une autofiction trash et parano", mais une collection de saynètes drôles et bien senties, écrites avec élégance et humour. British, of course.