Les deux maisons, nées au début des années 2000 dans un contexte d’effervescence littéraire au Québec, sont bien implantées dans les librairies de la province canadienne et préféraient jusqu’ici vendre les droits de leurs titres pour accéder au marché français. Avec 26 nouveautés par an pour Le Quartanier et 12 chez La Peuplade, elles estiment avoir atteint un catalogue « à maturité » et cherchent à davantage affirmer leur identité éditoriale en France.
La Peuplade, créée en 2006, a déjà franchi le pas en optant pour le CDE-Sodis qui diffuse ses titres depuis mars 2018. Son catalogue, composé de romans québécois et ouvert depuis peu aux littératures nordiques, profite d’une nouvelle dynamique. Certains des titres, plus confidentiels, suscitent à nouveau l’intérêt des libraires et des lecteurs français, selon l’éditeur.
L’ambition de la maison pourrait ne pas s’arrêter là. "Comment convaincre les agents de nous vendre les droits en langue française quand on n’a pas de diffuseur en France?, s’exclame Simon Philippe Turcot. Notre objectif est de diffuser nos livres dans toute la francophonie."
Sur les conseils de libraires français, Eric de Larochellière a également choisi de privilégier la diffusion de ses titres par Harmonia Mundi à partir de janvier 2019 pour la maison qu'il dirige, Le Quartanier, fondée en 2002. Près de 90% de ses auteurs sont québécois et l’éditeur a commencé à vendre les droits des œuvres en France et au Canada anglophone dès 2010.
"La vente de droits est une façon de faire circuler nos œuvres, mais par un effet pervers, elle découpe nos catalogues", déplore l’éditeur du Quartanier qui refuse certaines offres de maisons françaises depuis deux ans. "On reste attentifs aux éditeurs de livre de poche. C’est une énorme aventure de se lancer dans la diffusion française", poursuit-il.
Le débat de la journée est resté centré sur la francophonie du fait de l’absence de dernière minute des Canadiens anglophones Dan Wells et Dean Cooke, respectivement éditeur de Biblioasis, à Windsor (Ontario), et agent à l’agence McDermid Cooke de Toronto (Ontario).
Les professionnels ont pu, par la suite, assister à un entretien avec l’écrivain Colson Whitehead (Underground Railroad, Albin Michel, 2017) ainsi qu’au débat où les traducteurs Daniel Grenier, Michel Lederer et Marguerite Capelle se sont accordés sur le fait que les enjeux de la traduction entre Français et Québécois résidaient davantage dans la différence culturelle que dans la différence linguistique.