A l’initiative de Mobilis, pôle régional du livre et de la lecture des Pays-de-la-Loire, le Coll.LIBRIS, collectif des éditeurs de la région, créé en 2012, et qui représente 41 maisons d'édition, a lancé une enquête auprès des acteurs du livre pour connaître les conséquences de la crise sanitaire liée à la pandémie du Covid-19 sur le secteur.
Comme l'association L'Autre livre, les éditeurs de la région demandent une réforme des tarifs postaux, plaidant plutôt pour l'élargissement sur le territoire français du tarif livres et brochures de La Poste à l'étranger. Ils souhaitent également davantage d'aides de la région, et notamment un appui à la conception et à la fabrication des livres à venir.
Pas très optimistes
A l'instar de leurs confrères des Hauts-de-France, les répondants ont fait part de leur inquiétude après six semaines sans aucune vente: librairies et bibliothèques fermées, salons annulés, y compris ceux de la région (Laval, Montaigu, Le Pouliguen, Rennes). En moyenne, c'est "30 à 50% du chiffre d'affaires annuel qui va être perdu".
"Les éditeurs ne sont pas très optimistes pour l’avenir des livres arrivés en librairie entre fin février et début mars. Avec une stratégie promotionnelle abandonnée par la force des choses, des sorties difficilement reportables, et des placements plus ou moins en nombre sur les tables des libraires, ces ouvrages ont peu de chance de trouver le lectorat espéré, même après les réouvertures annoncées. Même inquiétude pour les éditeurs qui avaient prévu des réimpressions, parce que la demande était forte", résume le collectif.
Les deux tiers des éditeurs répondants ont fait savoir que cette situation met en danger la pérénnité de leur structure à court ou moyen terme. Les perspectives dépendront beaucoup des choix éditoriaux des libraires et de la solidité des distributeurs indépendants comme Pollen ou Serendip.
Des aides mal adaptées
Par ailleurs, le collectif constate que les éditeurs "pouvaient espérer prétendre à la subvention défiscalisée du fonds de solidarité (1500 euros)", mais que "le comparatif du chiffre d’affaires mars 2019/mars 2020 avec une perte de 50 % a posé problème. D’une part, mars 2020 ne comprenait que 15 jours de perte sèche, d’autre part, les éditeurs ont reçu encore des paiements au mois mars sur les ventes effectuées au premier trimestre. C’est bien à 60, voire à 90 jours, que la perte se fera sentir. Beaucoup auraient préféré mesurer la perte sur un CA lissé dans le temps et non sur une période aussi courte. La demande pourra être renouvelée au mois d’avril, peut-être avec un peu plus de succès. D’après les retours reçus, seules cinq structures ont déclaré l’avoir obtenue."
"Le statut, la réalité de trésorerie et des échéances de paiement, la réalité économique du milieu, font que les aides proposées ne sont pas accessibles à tous. Un effort supplémentaire est unanimement demandé", affirme Coll.LIBRIS.
Une des recommandations dans les conclusions de l'étude plaide pour que les institutions territoriales aient une politique d'acquisition de livres régionaux, de manière "plus systématique pour alimenter les fonds des bibliothèques et des établissements scolaires".