Au début des années 1990, Jean-Paul Bertrand, alors patron des Éditions du Rocher, eut l’idée méritante de créer une revue de littérature néo-hussarde, Rive droite, co-dirigée par Thierry Ardisson et Éric Neuhoff, qui faisait la part belle à de jeunes écrivains, certains en devenir.
L’aventure ne connut que quatre numéros. Dans lesquels un certain Jean-René Van der Plaetsen, journaliste littéraire, publia ses quatre premières nouvelles. Hanté par la littérature, il allait prendre son temps, puisqu’il faudra attendre 2017 pour que, avec La nostalgie de l’honneur (Grasset), il fasse son entrée remarquée sur scène : prix Interallié, plus quelques autres. Trois ans après, talent et succès confirmés, avec Le métier de mourir (Grasset toujours), prix Renaudot des Lycéens plus quelques autres encore.
Tropisme militaire
Le Rocher ayant émis il y a quelque temps l’intention de republier ses nouvelles, trop brèves pour un faire un livre, Van der Plaetsen s’est remis à l’ouvrage depuis 2019, et en a écrit 12 autres. Le critique pourrait s’amuser à y trouver des différences de style. Toujours vers plus d’épure, d’élégance, de fluidité. Il y retrouvera surtout une inspiration « démodée », comme dit Neuhoff dans sa préface, c’est-à-dire « classique ».
Van der Plaetsen ne cache pas son catholicisme, ni son tropisme militaire. Lui-même n’a-t-il pas été casque bleu de la Finul, au Sud-Liban ? Une expérience dont il a tiré une nouvelle, Une nuit à Sierra 3, où un jeune apprenti-boulanger, volontaire malgré les supplications de sa mère, se fait faucher par une balle, en-haut d’un mirador. Une mort absurde, si l’on veut, mais portée par un engagement, une foi en des valeurs qui transcendent la simple condition humaine.
Comme cette autre histoire d’un montagnard pyrénéen très croyant, qui mourra pour avoir voulu réparer un calvaire saccagé par des vandales impies. Ou encore celle de cet ancien marsouin d’origine roumaine, profondément français et patriote, qui se sacrifie pour sauver une jeune fille du poignard d’un djihadiste.
On meurt beaucoup, chez Van der Plaetsen, mais pour la cause. On n’en révélera pas plus car, comme écrit encore Éric Neuhoff dans sa préface, « on signe une nouvelle comme on saute dans le vide. Ce qui compte, c’est sa chute ». Souvent tragique.