Selon une étude commandée par le ministère de la Culture et de la Communication au Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc) et présentée mercredi 25 janvier lors d'une journée d'étude à Paris, neuf bibliothèques municipales sur dix et les trois quarts des bibliothèques départementales de prêt proposent ce type d’actions.
Cependant, notent les auteures, Nelly Guisse, Sandra Hoibian, Sophie Lautié et Colette Maes, "les actions en faveur de l’accès au livre et à la lecture à destination des publics empêchés développées par les collectivités territoriales ne sont actuellement ni homogènes sur le territoire, ni généralisées".
Leur enquête, organisée en deux volets, l’un quantitatif, l’autre qualitatif, présente pour la première fois un bilan national de ces initiatives et met en lumière les freins et les facteurs de réussite.
Des initiatives fragiles
87% des bibliothèques municipales ont mis en place au moins une action pour les publics empêchés, dont 80% pour les publics en situation de handicap, 62% pour les personnes à l’hôpital, et 55% pour les personnes en prison.
Plusieurs facteurs fragilisent ces initiatives. Le manque de moyens humains et financiers est souvent avancé comme étant le frein principal. Mais la sensibilisation et la formation insuffisantes des personnels sont également mentionnées.
Seules 46% des bibliothèques publiques ont dans leurs équipes un membre ou plus formé à l’accueil ou à la mise en place d’actions pour les publics empêchés. Les bibliothèques interrogées soulignent également le manque de diagnostic concernant les besoins dans ce domaine sur les territoires qu’elles desservent.
Les actions sont souvent menées en partenariat avec d’autres structures mais ces collaborations sont rarement formalisées dans des conventions. Par ailleurs, la moitié des bibliothèques n’a pas inscrit les actions en faveur des publics empêchés dans son projet d’établissement.
La volonté politique, déterminante
Comme pour d’autres aspects de la lecture publique, l’impulsion et le soutien de la collectivité territoriale sont déterminants dans la prise en compte au sein des stratégies de lecture publique des publics empêchés.
L’implication personnelle des agents est un autre facteur essentiel mais à double tranchant : si les initiatives ne reposent que sur l’engagement d’un membre de l’équipe, elles risquent de disparaître avec son départ.
Les auteures ont identifié sept facteurs clés de réussite : sensibiliser et former les agents, faire de la médiation, construire des partenariats et les conventionner, inscrire les actions dans le projet d’établissement, faire appel aux dispositif existants à l’échelle nationale, notamment pour obtenir des financements, échanger sur les bonnes pratiques, et communiquer autour de ces actions pour mieux les faire connaître du public.