Numérique

90 % des auteurs perçoivent un revenu inférieur au Smic, révélait une étude réalisée par le ministère de la Culture et le Centre nationale du livre en 2015. Pour compléter leurs faibles rémunérations, plus de 200 écrivains et illustrateurs ont demandé à leurs lecteurs de les financer via Tipeee. Fondée en décembre 2013 par Michael Goldman, cette plateforme de financement participatif est fondée sur un système de tips (pourboires, en français). Les auteurs ne sollicitent pas leurs lecteurs pour les aider à financer un gros projet éditorial, à la manière des campagnes de financement participatif traditionnelles, mais pour les accompagner au quotidien dans leur démarche créative. Chaque internaute peut ainsi faire un don mensuel de 1 € minimum, en échange de contreparties originales, pour permettre à l'auteur de publier gratuitement du contenu sur son blog.

« Face à la surproduction et aux dégradations des conditions de vie des auteurs BD, j'ai envie de revenir à mes origines web », explique sur sa page Tipeee Maliki, auteur de la série éponyme éditée chez Ankama. Avec 1 126 tipeurs, Maliki est l'auteur le plus suivi par les internautes de la plateforme. « Signer des pétitions, parler de la précarité des artistes dans les journaux et les salons du livre, c'est très bien. Mais ce n'est pas suffisant », écrit Laurel, l'auteure de Cerise (Le Lombard), qui a rejoint Tipeee en mars dernier.

Les auteurs utilisateurs de la plateforme défendent un système de création sans intermédiaire. « En passant par Tipeee, j'ai envie de travailler directement pour les gens qui me lisent », affirme Maliki. « Je crois sincèrement que ce système a de l'avenir. Directement du "producteur" au "consommateur" ! Comme pour les aliments », ajoute Laurel. En dehors de quelques exceptions, la majorité des auteurs sur Tipeee collecte une centaine d'euros par mois.

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