Pour paraphraser la lapalissade, un quart d'heure avant le virus, il était encore debout. Tous les indicateurs confirment la bonne orientation du marché du livre avant que le confinement général ne vienne l'ébranler. Notre 24e Classement annuel de l'édition française témoigne également d'un paysage éditorial plus apaisé après les restructurations majeures des deux années précédentes.
Face aux défis du jour, ses nouveaux équilibres, incarnés par la consolidation en tête du palmarès d'une sorte de « Club des cinq » groupes réalisant chacun un chiffre d'affaires supérieur à 500 000 euros, constituent des atouts pour l'industrie du livre. Ce ne sont pas les seuls, en particulier dans l'éducation et la formation. Soutenu par la mise en place, fut-elle désordonnée, de « l'école à la maison » pendant le confinement, le parascolaire a moins souffert de la crise sanitaire que d'autres secteurs. Il espère voir conforter pendant l'été son rôle après la fermeture prolongée des écoles, faire l'école en librairie et bénéficier par la suite de la réforme du baccalauréat. De même les éditeurs d'ouvrages destinés aux classes préparatoires, pour lesquels le printemps ne constitue pas la principale période de vente, ont été moins affectés que d'autres. Si leur marché est à bout de souffle, c'est parce qu'il attend avec impatience la réforme prévue des programmes à l'horizon de la rentrée 2021.
Les éditeurs d'économie et de gestion, eux, s'appuient sur leur fonds pour traverser l'orage, dans lequel leurs confrères de l'édition juridique voient de nouvelles opportunités éditoriales, qui pour éclairer les remises en question intervenues pendant le confinement dans les domaines de la famille, du travail ou de l'immobilier, qui pour accompagner l'émergence de modes alternatifs de règlement des conflits. Comme le résume Florian Migairou chez Eyrolles, si « la crise nous a coupés dans notre élan, nous espérons bien que le livre repartira de plus belle ».