La crise du papier, à l’œuvre depuis près d’un an, a encore de beaux jours devant elle. Le groupe papetier italien Fedrigoni a averti ses clients, dans un courrier daté du 25 mars, de la hausse du prix de tous ses papiers graphiques, couchés et non couchés, ainsi que de ses papiers spéciaux, effective dès le 15 avril prochain.
Le courrier, relayé sur Twitter par le compte des éditions Rackham, justifie une augmentation comprise entre +7 et +15 % par la « période de grande instabilité des marchés, où l’approvisionnement en matières premières devient chaque jour plus complexe, avec des augmentations continues des prix de la pâte à papier, de l’électricité, du gaz ». Dernier facteur aggravant, selon le groupe, la guerre en Ukraine a encore accru les tensions sur les prix.
Dans ce contexte, Fedrigoni n’exclut pas, à court terme, d’adapter ses augmentations en fonction de la conjoncture économique. « Les offres actuelles et les nouvelles offres seront valables pour des livraisons dans les 30 jours. Pour les livraisons au-delà de ce délai, les prix pourront subir d’autres modifications reflétant l’évolution future du marché », détaille le directeur commercial Ilan Schinazi dans le courrier.
En réaction à cette hausse qui est loin de concerner le seul Fedrigoni, Sullivan Rouaud, directeur de collection chez HiComics et Mangetsu Manga (Bragelonne), s’est inquiété sur son fil Twitter des conséquences de la hausse des prix dont souffrent au premier chef les éditeurs indépendants. Selon lui, seuls les acteurs dominants du marché et les best-sellers continueront de paraître, alors que « beaucoup de titres à petit tirage n’auront même plus la chance d’être imprimés ». « Les valeurs sûres n’ont vraiment pas à s’en faire, prophétise-t-il. On va juste sacrifier dix petites sorties pour réimprimer des Tomes 1 jusqu’à ce que mort s’en suive. Il est précisément là le problème ».