« Nous sommes là pour faire masse et nous organiser le mieux possible ». Membre actif du Mois de l’imaginaire et fondateur des éditions La Volte, Mathias Échenay pose d’emblée les ambitions de l'association d’éditeurs née en 2017 de la volonté d’offrir aux littératures de l’imaginaire (science-fiction, fantasy, fantastique) une meilleure visibilité en librairie et dans les médias.
Tout au long d’octobre, les membres du « Mois » organisent ainsi diverses opérations commerciales, des rencontres, dédicaces et prises de parole. Ils distribuent aussi supports pédagogiques et catalogues thématiques tout en déployant des animations sur les réseaux sociaux pour communiquer autour du « vivant », thème de l’année.
C’est pour donner le coup d’envoi de cette opération que les représentants de 34 maisons d’édition s’étaient donné rendez-vous le 30 septembre au Dupont Café, à deux pas du siège du groupe Editis dans XIIIe arrondissement de Paris, pour un petit-déjeuner de lancement rassemblant aussi libraires, journalistes, influenceurs et aficionados.
Fréquentation en hausse
Un succès au vu de la fréquentation. « Il y a beaucoup plus de monde que l’an dernier, nous sommes contents de l’émulation qui se crée autour de l’événement, se réjouit Paul-Étienne Garde, responsable de l’imaginaire au Livre de Poche. Ce genre d’événement est aussi l’occasion de rencontrer des éditeurs avec lesquels on a l’habitude d’échanger mais pas forcément de voir car ils sont basés loin de Paris ».
Venue d’Arles, Nathalie Paino, directrice commerciale d’Au Diable Vauvert, mesure justement, elle aussi, les effets positifs de la mobilisation. « En octobre, les libraires sont davantage sensibilisés, ils mettent mieux en avant les livres d’imaginaire et cela se traduit de façon positive sur les ventes », souligne-t-elle. Dans ses valises pour octobre, Les nouveaux déviants, anthologie dirigée par Christophe Siébert et Morgane Caussarieu, ainsi que le nouveau roman de la même Morgane Caussarieu, Visqueuse, hommage à La Vouivre de Marcel Aymé.
Membres du Mois de l’imaginaire depuis 2023, les éditions Glénat sont quant à elles les premières et pour l’instant uniques représentantes de la bande dessinée dans l’association. La situation n’est pas pour déplaire à Camille Malou, responsable marketing, qui rappelle que la bande dessinée se prête « particulièrement bien » au genre. Pour le « Mois », l’éditrice est venue présenter le 5e tome d’Elric de Julien Blondel et Jean-Luc Cana, illustré par Valentin Sécher, adaptation de l’œuvre Michael Moorcock ; ainsi que Le voleur d’amour, d’après le roman de Richard Malka, illustré par Yannick Corboz.
Tendances clé
Les éditeurs jeunesse représentent l’autre petit contingent, avec seulement cinq représentants. « Pour nous la problématique est différente, décrypte Muriel Couëslan, directrice de Rageot. L’imaginaire est déjà très présent en littérature jeunesse où il ne souffre pas d’un manque de visibilité. Nous sommes surtout là pour échanger entre éditeurs. » L’éditrice n’en a pas moins sélectionné deux nouveautés pour octobre : Camera Obscura de Maëlle Desard et Neige et poussière d’Adrien Thomas.
« Il y a le cadre offert par Le Mois de l’imaginaire, mais chaque éditeur s’appuie sur son propre programme », confie Camille Racine, responsable éditoriale chez Robert Laffont. Pour elle, il s’agira du roman de Chloé Chevalier, Les essaims, et du nouveau Catherine Dufour : Les champs de la Lune.
Au-delà de la réunion de famille, le rassemblement a aussi été l’occasion d’aborder les tendances d’un marché globalement en croissance. Co-auteur à succès avec Claire Duvivier de la double trilogie de La tour de garde (Aux Forges de Vulcain), Guillaume Chamanadjian avait cette fois revêtu le costume de responsable développement marketing chez Interforum, poste qu’ils occupe depuis près de huit ans au sein de la filiale de diffusion-distribution du groupe Editis, pour dévoiler, données GFK à l’appui, quelques tendances clé du marché.
S’il a été question du succès croissant de la romantasy, phénomène qui n’a échappé à aucun acteur en 2024, il a aussi été rappelé que le marché de l’imaginaire est en croissance, « même sans la romantasy », porté en particulier par le fonds et les adaptations au cinéma ou en série. Un motif d’optimisme pour les éditeurs, plus impliqués que jamais. « On sent que le Mois de l’imaginaire infuse un peu plus chaque année, que le rayon se développe chez les librairies non spécialisées. Nous allons continuer d’œuvrer en ce sens », conclut Mathias Échenay.