Le livre serait-il en train de perdre son statut d'exception culturelle ? Le nouveau plan de rigueur gouvernemental laisse entrevoir en tout cas un sacré retour en arrière.
La TVA sur le livre, qui était de 5,5 %, reviendra au 1er janvier 2012 au taux de 7 % qui était le sien... il y a 23 ans. A l'époque, la baisse de la TVA avait été justifiée par le souci de démocratiser la lecture.
Cette augmentation de 1,5 % va se reporter peu ou prou sur le prix des livres, jugés déjà bien élevés en cette période de faible pouvoir d'achat. Les lecteurs, qui ont une fâcheuse tendance à se raréfier, vont donc devoir apporter leur contribution au plan de rigueur du gouvernement, comme les clients des restaurants, les acheteurs de billets de train ou d'avion, les abonnés aux télévisions payantes... qui sont d'ailleurs souvent les mêmes personnes. C'est un signe pour le moins contradictoire donné par les pouvoirs publics au moment de l'entrée en application, ces jours-ci, de la loi sur le prix unique du livre numérique, votée par le Parlement le 17 mai.
L'adoption de cette loi, malgré l'opposition de la Commission européenne et des lobbies libéraux, signifiait que pour les instances politiques, de quelque tendance qu'elles soient, le livre, même dans sa version numérique, n'était pas un bien de consommation comme un autre. Et qu'il fallait donc protéger son marché du discount sauvage, pratiqué ailleurs par les nouveaux intervenants nord-américains, mais nuisible à la création et à sa diversité.
Malgré le contexte, l'entrée en application de la loi tout prochainement demeure une bonne nouvelle. Comme celle d'une TVA du livre numérique identique à celle du livre imprimé le 1er janvier 2012. Elle sera donc de 7 %, en hausse de 1,5 % pour le livre papier, mais en baisse de 12,6 points pour le livre numérique jusqu'ici soumis au taux de 19,6 %. Ce qui devrait permettre à ce dernier d'exister vraiment, sans préjudice, espérons-le, pour le premier.
En un an, le secteur du livre a obtenu des pouvoirs publics que ses contenus dématérialisés soient régis par les règles qui s'appliquent à l'ensemble de la filière. Mais il ne faudrait pas que la rigueur vienne faire oublier que le livre, vecteur de formation et de culture, est un produit de première nécessité.