Du Divan (Paris 15e) à Millepages (Vincennes), en passant par Meura (Lille), Atout Livre (Paris 12e), Tire Lire (Toulouse) ou Les Traversées (Paris 5e), voici la librairie prise dans une frénésie de rénovations et de réaménagements. Ces initiatives souvent spectaculaires tombent à pic alors que les libraires abordent un dernier quadrimestre 2017 que des programmes éditoriaux chargés et une meilleure orientation de la conjoncture promettent dense et dynamique. "Quand on se bouge, ça paie", rappelle la créatrice de Vivement dimanche, à Lyon, Maya Flandin. Mais les libraires sont encore très peu nombreux à se garantir une forte progression de leur activité après travaux par l’intégration directe de leurs clients à la réflexion sur la modernisation ou le repositionnement de leur magasin.
Même si les librairies restent des entreprises privées, et non des équipements publics, c’est peut-être une piste à creuser. De "design thinking" en "biblio remix", les bibliothécaires, eux, ont considérablement renforcé l’implication des usagers dans la conception de leurs établissements. Elles ont développé leur fréquentation jusqu’à transformer en profondeur leur identité comme en ont témoigné, le mois dernier, les expériences présentées au congrès de l’Ifla, dans la ville polonaise de Wroclaw.
Dans la forme, il s’agit essentiellement de trouver, comme dans les projets d’aménagement urbains correctement concertés, les moyens d’associer largement les usagers à la définition du programme de la rénovation : groupes de travail comme à Helsinki, visites d’inspection incognito comme à Lódz. Sur le fond, le processus contribue aussi à redéfinir les priorités des bibliothèques et à renforcer leur adéquation aux besoins de leurs usagers. De la Finlande à la Hongrie, la bibliothèque se transforme en agora ou, suivant la formule de l’architecte du projet The Word, à South Shields, au nord-est de l’Angleterre, en "haut lieu de connectivité rassemblant des activités culturelles, sociales, éducatives". Le livre n’en est plus forcément le centre, mais il en demeure la clé.