La première bonne surprise de la rentrée étrangère nous vient des Escales. Signé Jami Attenberg, qui a collaboré au New York Times et au Wall Street Journal, La famille Middlestein est un régal. Avec une vraie verve narrative, la débutante nous entraîne dans la banlieue de Chicago. Là où se sont installés les parents d’Edie Herzen en arrivant d’Ukraine.
Petite fille, celle-ci était déjà bien ronde et pouvait ingurgiter pour le goûter une grande tartine de pâté de foie et d’oignons rouges bien salés sur une tranche de pain au sarrazin encore chaud. Adulte, Edie est devenue une avocate obèse et diabétique. Une femme que son mari vient de quitter après quarante ans de vie commune.
Pharmacien qui a eu trois officines et n’en possède plus qu’une, en face d’un salon de coiffure et de manucure, Richard Middlestein a expliqué à ses enfants, Robin et Benny, que leur mère le rendait fou, qu’il aurait fini par y passer. Boulotte adolescente avant de fondre, Robin enseigne l’histoire. Elle n’est plus célibataire depuis qu’elle fréquente son voisin du dessus, le calme Daniel. Benny, lui, est un comptable amateur de joints, marié à Rachelle et père de deux préadolescents, les jumeaux Josh et Emily qui ne lèvent guère le nez de leurs iPhone et préparent leur bar-mitsva.
Précisons que Rachelle se stresse pour un rien, ne travaille pas, suit des cours de Pilates quatre fois par semaine, trouve Robin malheureuse, lunatique et bizarre. Qu’elle s’est mis en tête de sauver sa belle-mère, de l’empêcher de faire la tournée des fast-foods de la ville et de l’inscrire au programme de Weight Watchers ! Drôle et mélancolique, très enlevé, l’épatant roman de Jami Attenberg revisite avec un grand brio le roman familial en offrant au passage une série de morceaux de bravoure qui laissent présager du bel avenir littéraire de l’Américaine saluée par un Jonathan Franzen aussi conquis que le seront ses futurs lecteurs français.
Al. F.