Pour les trois éditeurs, qui figurent parmi les éditeurs québécois qui développent des stratégies construites de développement en Europe, la présence physique d'une antenne de la maison à Paris constitue la première condition du succès. A La Pastèque, dont la première implantation remonte à vingt ans, "notre équipe, installée depuis huit ans et récemment passée de une à deux personnes, participe à 12 à 15 manifestations par an, assure nos relations avec notre diffuseur et notre distrubuteur, prend en charge les relations presse", explique Frédéric Gauthier. Spécialisée dans la jeunesse et la bande dessinée, La Pastèque, qui s'apprête à passer de la diffusion CDE à MDS, a aussi commencé à produire des titres jeunesse en France et, depuis deux ans, développe une action de surdiffusion. "Cela devient clairement le plus important pour notre équipe française", précise-t-il.
Se mettre au diapason des idées
En France depuis janvier 2018, La Peuplade (diffusion CDE), une maison de littérature, a eu "dès le départ la volonté de disposer en France d'un responsable des relations libraires, qui passera à plein temps à partir de janvier 2019", annonce Mylène Bouchard. En outre, explique-t-elle, "il est essentiel de se rendre réguièrement sur place. Nous allons en France pratiquement tous les mois".
Pour Alexandre Sanchez, la présence directe en France permet également de "prendre le pouls de ce qui s'y passe, de se mettre au diapason des idées qui la traversent". Depuis dix ans que la maison de sciences humaines et d'essais est implantée dans l'Hexagone, "le catalogue de Lux éditeur (diffusion Harmonia mundi) a changé, nous nous sommes mis à éditer des auteurs français", souligne l'éditrice.
Dans tous les cas, pour implanter un éditeur québécois en Europe, "il n'y a pas forcément intérêt à lever le drapeau du Québec", observe Alexandre Sanchez. "Nous le faisions au début, mais nous avons arrêté car c'était contre-productif", confirme Frédéric Gauthier. A La Peuplade, renchérit Mylène Bouchard, "nous jugeons plus porteur de mettre en avant notre tropisme pour les littératures nordiques, parmi lesquelles la littérature québécoise".