La collection vintage de Belfond propose souvent des pépites. L'herbe de fer a remporté le Pulitzer et le National Book Award. William Kennedy a aiguisé sa plume journalistique lors de la révolution cubaine et des luttes pour les droits civiques. Aujourd'hui, il a 90 ans.
Il a vécu à Albany (Etat de New York) et c'est dans cette « ville chargée d'histoire » qu'il situe son roman. Elle subit de plein fouet la Grande Dépression. Des personnages esseulés, délaissés de la société, reflètent le « malaise de toute une époque et de tout un pays ». Francis Phelan se présente comme « quelqu'un d'errant. Un voyageur ». En réalité, c'est un homme en fuite, qui espérait noyer sa lâcheté d'antan dans l'alcool. Après vingt ans d'absence, ce « loser » revient au point de départ.
Il travaille dans un cimetière aux côtés de Rudy, simple d'esprit. C'est là que le héros déterre ses peines et ses fantômes. Francis les revisite à travers sa famille ou les femmes aimées. Il ne s'agit pas de sonder un gâchis, mais de s'ouvrir à de nouvelles possibilités. Affronter « les cicatrices rutilantes de l'âme » permet de se réconcilier avec soi-même et autrui. William Kennedy est digne d'un poète steinbeckien, un esthète de la simplicité et de l'inexpliqué. Il entremêle « l'odeur du passé » à celle d'une tasse de café ou aux pensées refoulées.
L’herbe de fer - Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Marie-Claire Pasquier
Belfond
Tirage: 4 000 ex.
Prix: 18 euros ; 288 p.
ISBN: 978 2 7144 7931 0