Olivier Chaudenson, le nouveau directeur de la Maison de la poésie (Paris 3e), et Bernard Comment, président du conseil d'administration de l'établissement, ont présenté leur projet jeudi 25 avril lors d'une conférence de presse : faire de la Maison de la Poésie une «scène littéraire» dédiée aux écrivains.

«Il n'existe aucune structure permanente pour donner la parole aux auteurs», a déclaré Olivier Chaudenson pour justifier cette réorientation. Dès le 16 mai, rencontres, débats, lectures et performances mettront en scène auteurs, comédiens, chanteurs ou encore musiciens. Une programmation qui fait place à la poésie, mais aussi à tous les registres de la littérature. La Maison a également annoncé qu'elle organisera la manifestation Paris en toutes lettres à l'automne, pour son grand retour.

Au risque de froisser les tenants d'une programmation majoritairement dédiée à la poésie, Bernard Comment assume la rupture. «Nous voulons passer d'une logique de théâtre à celle de maison», a-t-il déclaré. La Maison doit être «un lieu très créatif et réactif sur l'actualité éditoriale et l'actualité du monde», a expliqué Olivier Chaudenson.

«S'adresser à un public plus large»

Pour le directeur, qui a pris ses fonctions il y a moins de trois mois, «cette hybridation est un levier pour s'adresser à un public plus large. La poésie est souvent perçue comme élitiste et réservée aux personnes âgées». Des partenariats avec des universités sont en cours. Pour faire du lieu un endroit «convivial» et «décomplexé», un restaurant et un bar seront aménagés.

La Maison devrait accueillir environ 200 événements par an, sur la base d'une programmation semestrielle. Les «Entretiens de Po&sie» de Michel Deguy sont reconduits. Mais de nombreuses nouveautés ont été annoncées : des «exercices d'admiration» (un écrivain transmet son intérêt pour un auteur absent), des concerts littéraires, avec entre autres Emily Loizeau et Océane Rose Marie, des lectures musicales, avec notamment Brigitte Giraud et Albin de la Simone. Les auteurs seront rémunérés entre 200 et 1 000 euros.

La Maison s'ouvre aussi aux questions professionnelles, et les éditeurs pourront y organiser des rencontres ou des présentations de nouvelles collections.

Mais cette petite révolution ne plaît pas à tout le monde. La conférence de presse est intervenue après une polémique sur la place réduite de la poésie dans le nouveau projet (voir notre actualité du 13 novembre 2012). Interpellé par un participant qui lui demande de garantir un taux minimal d'événements dédiés exclusivement à la poésie, Bernard Comment a été clair : «Nous ne nous engagerons pas sur des chiffres.»