C'est à Royan que notre été des libraires commence. De 17 000 habitants en temps normal, elle passe à 40 000 à 45 000 résidents durant la saison des vacances. Patrick Frêche, propriétaire de La Librairie du rivage, s'apprête à vivre de longues journées. Pour lui, il s'agit de la pleine saison, réalisant en deux mois entre 25 et 30% de son chiffre d'affaires annuel, soit presque l'équivalent d'un mois de décembre.
Pourtant, il n'embauche pas d'employé supplémentaire. « Pas assez rentable » note t-il. Son épouse vient lui donner un coup de main et il se débrouille avec sa libraire pour gérer à la fois les arrivages, plus nombreux pour lui l'été, le flux plus important des clients et la place à trouver pour la rentrée littéraire.
Sa clientèle est différente, plus jeune et plus familiale, mais aussi plus passagère. « Les gens ne restent pas assez longtemps pour la commande client. » D'où l'importance de préparer son été, avec des commandes spéciales pour lesquelles il obtient des conditions « plus souvent en échéance qu'en sur-remise ». Son stock passe de 12 500 volumes à 14 500 environ. Il met en avant les poches, coups de cœur et succès confirmés, qui représentent 50% de ses ventes l'été contre 25% à 30% en temps normal.
Vargas, Gallay et Benchley très demandés...
Il continue à laisser les Marc Levy et autres Guillaume Musso à la grande surface du coin et en profite surtout pour pousser les tires et les éditeurs qu'il aime et qui trouvent preneur parmi la clientèle plus curieuse qui pousse aussi sa porte. Ses meilleures ventes du moment : Un lieu incertain de Fred Vargas (Viviane Hamy), Les Déferlantes de Claudie Gallay (Edition du Rouergue) et Remarquable, n'est-ce pas ? de Robert Benchley (Editions Monsieur Toussaint Louverture).
Sa vitrine, qui change chaque semaine, est consacrée à des thématiques plus légères « comme l'humour en ce moment ». « Nous gardons aussi plus longtemps la thématique régionaliste. Sinon nous continuons à mettre en avant des éditeurs ou des collections. » Patrick Frêche est lucide. Il est conscient que la période estivale est cruciale, mais il sait aussi que sa « croissance ne peut venir que du hors saison, des résidents qu'il faut fidéliser.»
Et la rentrée littéraire qui se profile ? C'est surtout le moment de prendre enfin quelques vacances. « Elle n'a pas le même impact que pour d'autres librairies. Ici, nous avons une vraie chute d'activité fin août et les gens ne se ruent pas sur les nouveautés.» Le choix est donc sévère, à partir des épreuves et des conseils des représentants. Cette année, Patrick mettra en avant Best love Rosie de Nuala O'Faolain chez Sabine Wespieser et un recueil de nouvelles sur le vieillissement intitulé Un jour nous partirons de Georges Bonnet (Le Temps qu'il fait), bien adapté à sa clientèle de résidents, en majorité retraitée.