Édito par Christine Ferrand, rédactrice en chef

Deux mille quinze démarre décidément bien avec deux mois d’activité en progression : selon notre indicateur Livres Hebdo/I+C, en février le marché du livre a enregistré une croissance de 3,5 % après un mois de janvier en hausse de 5,5 %. Et selon les libraires, cette tendance se serait prolongée en mars.

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Ces signes de reprise s’accompagnent pourtant d’un nouveau bouleversement du secteur du livre, avec l’annonce de l’entrée en négociation exclusive entre Editis et le groupe La Martinière pour le rachat de ses filiales de diffusion et de distribution, Volumen et Loglibris. Après le rachat de Flammarion par Gallimard en juillet 2012, l’industrie du livre poursuit sa concentration. Renforcé par Volumen et Loglibris, Editis va devenir le premier groupe d’édition en France, devant Hachette Livre, même si celui-ci demeure le premier groupe d’édition français sur la scène internationale. Surtout, la France, qui faisait figure d’exception en Europe avec cinq gros distributeurs de livres détenus par cinq grands groupes d’édition de littérature générale, sera passée en à peine trois ans à trois gros ensembles de distribution, Sodis/UD-Union Distribution, Interforum/Volumen et Hachette. Une concentration spectaculaire qui inquiète les libraires.

Pour beaucoup d’entre eux, le rapprochement de Volumen et d’Interforum apparaît comme le mariage de la carpe et du lapin. Interforum, qui a assis sa réputation sur son efficacité à pénétrer la grande distribution, apparaissait jusqu’alors comme l’antithèse de Volumen qui a su se moderniser sans casser les liens historiques noués entre la "diffusion Seuil" et les libraires. Dans ce numéro, éditeurs et libraires témoignent de leur attachement à ce mode de relations professionnelles.

Figure exemplaire des garants de cette culture de la diversité plutôt que celle du nombre, Christian Thorel publie la semaine prochaine au Seuil un court ouvrage, Dans les ombres blanches, dont nous rendons compte ici, sur la création de sa grande librairie toulousaine et ses combats, renouvelés à l’ère du numérique.

Le patron d’Hachette Livre, Arnaud Nourry, revient lui aussi sur ses combats, en particulier contre Amazon. Son expérience internationale lui permet un constat : "Quand il n’y a pas un avantage de prix massif, l’attrait du numérique est faible pour le consommateur." Plus serein aujourd’hui, il ne baisse pas la garde et ferraille contre les formules d’abonnement à un prix mensuel inférieur à celui d’un livre, qu’il juge "absurdes", et contre les partisans à la Commission européenne d’un affaiblissement du droit d’auteur.

15.04 2015

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