Depuis près de deux semaines, une partie des équipes de la Bibliothèque nationale de France (BNF) est mobilisée par l’opération de sauvetage des livres endommagés lors de la fuite d’eau survenue dimanche 12 janvier dans 3 magasins du département Littérature et arts. En tout, 25 000 documents ont été déplacés, selon la direction de la BNF, 12 000 ayant été réellement endommagés. Le plan d’urgence s’est immédiatement mis en place, plusieurs dizaines de salariés coordonnés par les équipes de restaurateurs étant venus prêter main-forte. Deux salles de lecture ont été réquisitionnées, de même que le gymnase et une salle polyvalente pour y entreposer les livres et entreprendre les traitements de séchage (buvards entre les pages, ventilateurs à plein régime, opération de contrôle de l’humidité sur chaque livre). Lundi, 4 400 livres restaient à traiter, 2 500 étaient sous presse pour remise à plat, 594 nécessitaient une restauration et 610 étaient encore congelés pour bloquer le processus de dégradation et attendaient une estimation de leur état. La direction de la BNF affirme qu’aucun des livres, majoritairement récents mais dont une partie date du XVIIe siècle, n’a été perdu. Les magasins sont encore en quarantaine et ne seront réinvestis que lorsque tout risque de moisissure sera écarté.
Les travaux avancés
La situation devrait donc revenir à la normale dans les jours à venir mais l’ampleur de l’accident a ému le personnel et l’opinion publique. L’inquiétude vient du fait que la fuite d’eau, due au mauvais état des canalisations, pourrait se reproduire. La section du syndicat FSU de la BNF, qui parle de son côté de 35 000 documents potentiellement touchés dans la récente avarie, rappelle qu’un rapport datant de 2007 signalait déjà la nécessité de remplacer un grand nombre de conduites en PVC, sujettes aux ruptures, par de la fonte, et déplore que les travaux nécessaires n’aient pas été accomplis pour des raisons budgétaires. "Plusieurs opérations importantes ont déjà été menées pour un budget de 3,4 millions d’euros, défend Jacqueline Sanson, directrice générale de la BNF. Mais la remise en conformité totale du bâtiment nécessite des sommes considérables qui ont été étalées dans le temps." La direction de la BNF a cependant décidé d’accélérer les travaux prévus, notamment le remplacement du réseau secondaire à l’origine de la fuite du 12 janvier.
Véronique Heurtematte