Dès cette rentrée 2013, un petit quart des élèves (22 %) en maternelle et dans le primaire sont concernés par la réforme des rythmes scolaires. Ces enfants iront désormais à l’école 4 jours et demi avec des journées raccourcies (5 heures par jour) et la possibilité de quitter l’école plus tôt ou de s’inscrire à des travaux d’activités périscolaires (Tap) que chaque commune est tenue d’organiser. En s’adressant, entre autres, aux bibliothèques.
A Paris, les premières réactions syndicales ont été virulentes dès le printemps dernier. « Alors que les bibliothèques parisiennes sont en sous-effectif, écrivait la CGT en février, voilà qu’on essaye d’envoyer les personnels dans les écoles après 15 h 30 pour y faire la lecture… » Mais en cette rentrée, à la médiathèque Marguerite-Duras (Paris 20e), la responsable de la section jeunesse, Catherine Ejarque, se déclare partante. « On nous a demandé de faire des propositions d’ateliers, ce à quoi nous avons travaillé, et nous y voyons l’opportunité de mener des activités sur la durée en tissant des relations de confiance avec les enfants qui pourront voir dans la bibliothèque un lieu de loisir en priorité. » Lorsque l’école est à plus d’un quart d’heure à pied, ce sont les bibliothécaires qui se déplacent auprès des élèves. « Pour le moment, 3 écoles sur 6 seulement se sont inscrites à nos ateliers », s’inquiète la directrice, Christine Péclard, tout en se déclarant très intéressée par l’expérience.
A Grenoble, les 10 bibliothèques possédant une section jeunesse ont elles aussi proposé des ateliers éducatifs avec le même état d’esprit. « Mais nous serons obligés de réduire le traditionnel accueil des classes », regrette la directrice, Christine Carlier.
Pas question, en revanche, pour la ville d’Annemasse, de réduire l’accueil des groupes scolaires, mais il n’est rien prévu de plus dans le cadre de la réforme. « Nous sommes cependant obligés de modifier nos horaires pour nous adapter à ceux des écoles, confie avec regret la directrice, Nathalie Bride, et même de les réduire au détriment du grand public, puisque nous fermons désormais le mercredi matin. »
En réalité, cette rentrée marque les tout premiers pas de la participation des bibliothèques à la réforme. Il faudra attendre plusieurs mois pour en mesurer l’ampleur et prévoir ce qui se passera en 2014, lorsque toutes les écoles de France seront à la même enseigne. L’ABF, qui a demandé à sa commission jeunesse de méditer sur le sujet, participera à un comité de pilotage mis sur pied au Service du livre et de la lecture. « Il faut s’emparer de cette question et se montrer innovant, conclut la secrétaire générale, Sophie Rat (Dijon), tout en restant vigilant. » Laurence Santantonios