Le jeune débutant américain Kristopher Jansma est loin d’être dénué de talent. L’auteur de La robe du léopard est un fan inconditionnel de Vladimir Nabokov, et son coup d’essai semble parfois être un hommage au créateur de Lolita. Tel son maître, Jansma s’amuse à brouiller les pistes, à emboîter les histoires les unes dans les autres.
Son narrateur a très tôt su qu’il serait écrivain - un écrivain obligé d’avouer qu’il a perdu plusieurs de ses livres : un roman, un roman court, une biographie. Petit, il lui a fallu composer avec un père absent et une mère hôtesse de l’air qui avait le chic « pour faire rougir les hommes et les forcer à regarder le bout de leurs chaussures ». Gamin, il traînait ses guêtres à l’aéroport et inventait déjà des intrigues.
A 16 ans, monsieur sert des pâtisseries et des expressos au Ludwig’s Café, dans le musée d’Art de Raleigh, et joue au golf dans l’équipe du lycée. Voici le genre de garçon verni qui a toujours eu du succès avec les filles. Entre ses bras, on trouve d’abord Betsy Littleford. Une blonde taciturne « aux yeux bleu glacier » dont il est chargé d’être le cavalier le soir de ses débuts dans le monde.
Puis vient le tour de Shelly, qui suit avec lui le cours de fiction et poésie, et sa cascade de cheveux noirs. Sa prochaine conquête, il la doit à son camarade Julian McGann. Un autre aspirant écrivain, personnage qui se montre incollable tant sur Schopenhauer que sur Napoléon Bonaparte, lui présente Evelyn Lynn Madison Demon. Une actrice irrésistible avec sa toque en peau de léopard. Le jour de leur rencontre, la belle lui explique qu’elle a adopté Julian et vient auditionner pour une pièce d’Ibsen !
Gonflé à bloc, Kristopher Jansma signe un premier roman pétillant. Un régal d’intelligence et de charme, qui roule à fond de train et laisse augurer du radieux avenir de son auteur !
Alexandre Fillon