Par-delà l'exil. Un nom, juste un quartier de Beyrouth, pas de numéro de rue... Le facteur ne sait que faire de cette carte en provenance de l'étranger mais il n'a pas eu le cœur à la jeter. Par chance, les nouvelles qui y sont données parviennent à sa destinataire Yasmine, qui est aujourd'hui en France avec son fils Naji. Le neveu de Yasmine et fils de son frère en Afrique, Rica, qui avait disparu, lui écrit d'un camp de réfugiés en Allemagne. Hormis cet épisode, l'héroïne du nouveau roman d'Hanan El-Cheikh, La danse du paon, n'a pas toujours eu la baraka.
Yasmine a fui son pays en guerre et aux prises avec un patriarcat endémique. Elle n'en pouvait plus de son mari volage. Enceinte de lui, elle avait tout fait pour perdre l'enfant en se jetant du haut de l'évier de la cuisine, en ingurgitant des décoctions abortives... L'enfant naît quand même, Naji signifie en arabe « celui qui a survécu à la mort ». Quant à Rica, le neveu de Yasmine, il avait fini par être élevé par cette dernière au Liban. Né d'une mère noire, l'enfant métisse avait été abandonné quand le père s'est remarié... Adulte, Rica a voulu s'échapper de son lot, a traversé la mer en clandestin et s'est retrouvé outre-Rhin. Yasmine s'entête à récupérer Rica pour recomposer le foyer d'antan avec Naji malgré l'addiction de ce dernier. La grande écrivaine libanaise vivant à Londres Hanan El-Cheikh peint le sombre tableau des migrants en proie au racisme, également intercommunautaire, aux trafiquants de tout acabit. Mais de la noirceur se détache ici le tendre portrait d'une femme, aussi combative que séduisante, dont la force vitale illumine les vicissitudes de leur condition.
La danse du paon
Sindbad
Traduit de l’arabe (Liban) par Khaled Osman
Tirage: 1 700 ex.
Prix: 23 € ; 352 p.
ISBN: 9782330198510