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Han Kang, une écrivaine à la notoriété encore modeste en France

Han Kang - Photo ALEXANDER MAHMOUD - AFP

Han Kang, une écrivaine à la notoriété encore modeste en France

Jeudi 10 octobre, l'écrivaine sud-coréenne Han Kang s'est vu remettre le prix Nobel de littérature. Si sa notoriété est encore modeste en France, ses romans La Végétarienne (Les éditions du Serpent à Plumes) et Impossible adieux (Grasset), lauréat du prix Médicis 2023, l'ont propulsée sur la scène internationale. 

Par Adèle Buijtenhuijs
Créé le 10.10.2024 à 16h53

Après avoir distingué le dramaturge norvégien Jon Fosse l’an dernier et Annie Ernaux en 2022, la prestigieuse Académie suédoise a récompensé cette année l’écrivaine Han Kang du prix Nobel de littérature. Les membres du jury témoignent de « la conscience unique des liens entre le corps et l'âme, les vivants et les morts » de la lauréate qui, par« son style poétique et expérimental, est devenue une innovatrice dans le domaine de la prose contemporaine ». Dix-huitième femme à recevoir le prix sur 116 lauréats, elle devient également la première sud-coréenne à en être honorée depuis 1901. 

Lauréate du prix Médicis étranger en 2023

Romancière, nouvelliste et poétesse, Han Kang, s’est fait connaître du grand public avec son livre La Végétarienne (Les éditions du Serpent à Plumes), lauréat du Man Booker Prize en 2016, première consécration pour l’autrice de 45 ans à l’époque. La deuxième arrive sept ans plus tard, en 2023 lorsque son roman Impossibles adieux, traduit en français par Kyungran Choi et Pierre Bisiou et publié chez Grasset, remporte le prix Médicis étranger.

« L'écriture de Han Kang mêle sensations et sentiments et les fait vibrer en arabesques - scènes du présent et images du passé se superposent, réel et fantasme s'enchâssent pour composer un sublime chant d'adieu, et d'amour aussi », expliquait notre collaborateur Sean Rose dans sa critique du roman.

Une victoire inattendue

Pierre Bisiou, co-traducteur d’Impossibles adieux et ancien éditeur de Han Kang - notamment de La Végétarienne - au éditions du Serpent à Plumes, confie à Livres Hebdo, sa « joie profonde » :  « Au delà d’être une grande écrivaine, c’est une femme humble et authentique ». Joachim Schnerf, son éditeur chez Grasset, en parle quant à lui comme de « l’une des plus grandes écrivaines vivantes » et se dit infiniment heureux » quant à sa distinction « inattendue ». « Nous savions que ça allait arriver mais nous ne nous doutions pas que ce serait aujourd’hui », a-t-il précisé.

Pour l’occasion, la maison d'édition prévoit un nouveau tirage d’Impossibles adieux - écoulé à ce jour à plus de 10 000 exemplaires selon GFK - avec le fameux bandeau Prix Nobel. Joachim Schnerf annonce un recueil de poèmes pour 2025 ainsi qu’un roman, en cours d’écriture, et dont la date de parution demeure encore inconnue. 

Han Kang est né en 1970 à Gwangju en Corée du Sud avant de s’installer à Séoul dès l’âge de dix ans. Fille de l’écrivaine Han Seung-won, la jeune femme se passionne pour la littérature qu’elle étudie à l’université de Yonsei. S'ensuit une carrière littéraire qui débute dès ses 24 ans, âge où elle publie son premier roman. Aujourd’hui, l’autrice en compte une dizaine à son actif dont six traduits en français notamment chez Grasset, les éditions du Serpent à Plumes, Points et Decrescenzo. 

L’attribution du prix Nobel à une écrivaine sud-coréenne marque donc une nouvelle étape dans le rayonnement culturel du pays. Selon Pierre Bisiou, « la littérature asiatique mérite tout l’intérêt de Stockholm ». Ce couronnement laisse pour autant de côté des écrivains boudés depuis des années par l’Académie, dont la liste ne cesse de s’allonger. En première position, on retrouve notamment l’écrivaine Joyce Carol Oates, pressentie depuis 1979. 

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