L'île mystérieuse. Bien qu'il vive et travaille à Rome, le journaliste écrivain Giosuè Calaciura, né à Palerme en 1960, est un Sicilien pur sucre, amoureux de son île jusque dans ses recoins les plus inattendus : l'île de Pantelleria, par exemple, qui, quoique se trouvant face à Nabeul, en Tunisie, est italienne et dépend de la province de Trapani, complètement à l'opposé. Une terre multiculturelle et pluriethnique, comme tout le Sud de l'Italie, qui a été phénicienne, grecque, romaine, souabe, italienne, avec un peu d'arabe (dans ses noms propres, par exemple, avec des « h » et des « kh » aspirés partout, et sa culture traditionnelle du coton), et même de français : lorsque la Tunisie était un protectorat, les familles chics de l'île envoyaient leurs enfants étudier à Tunis, y faisaient des emplettes ou allaient se baigner sur les plages. Car à Pantelleria la volcanique, pas de plages ! Un ferry acrobatique fait la liaison avec la Sicile, longue (six heures) et risquée : Charybde et Scylla ne sont pas loin. Et un aéroport, inauguré par Mussolini en 1938, accueille de temps en temps un coucou. Dieu merci, Pantelleria semble à l'abri du tourisme de masse.
De cette « île pour écrivains », Truman Capote célébrait « une beauté terrifiante ». Calaciura, quant à lui, nous en donne quelques clés, à travers histoires, personnages et anecdotes : ainsi Don Salvatore, ce vieux curé bloqué dans l'île parce que son successeur n'était pas parvenu à se poser ! C'est tendre, drôle, parfois lyrique, et ça donne envie d'y aller voir, de tenter l'expédition, si Neptune et Éole veulent bien.