Parce qu'il trouve que certaines librairies ressemblent trop à des églises et qu'il ambitionne de démocratiser la lecture en allant à la rencontre des gens, et là où on ne trouve pas le livre, Pierre Thomine, secondé par son épouse Bénédicte, a décidé d'adjoindre à sa librairie traditionnelle, Eurêka street, ouverte début août à Caen, une librairie itinérante.
L'idée lui vient alors qu'il travaille sur son projet de boutique. Il se met donc en quête d'un moyen de locomotion lui permettant de s'installer sur les marchés environnants et d'accueillir chaleureusement livres et clients. « En Normandie, où il pleut fréquemment, un étal ne suffit pas », s'amuse le libraire, qui a exercé pendant quinze ans au Brouillon de culture.
Il trouve finalement un ancien camion de la médecine du travail, qu'il réaménage entièrement aux couleurs de la boutique, orange et turquoise. Dans les 16 m2 dégagés, il peut loger 2 500 références environ, puisées dans le stock de la librairie et renouvelées chaque semaine en fonction des arrivages. Neuf et occasion se côtoient sur les étagères et les deux tables de présentation, toujours dans l'optique « d'aller vers les gens, surtout en période de crise », souligne Pierre Thomine.
Le camion sert également de vitrine mobile au magasin, qui, situé sous un porche place de la République, en manque cruellement sur rue. Ouverte début août, Eurêka street, qui tire son nom du roman de Robert Mc Liam Wilson, accueille 7 000 références sur 80 m2 de surface de vente. Par goût, le couple a mis l'accent sur le policier et la science fiction et par souci de convivialité, ils ont disposé fauteuils et canapés autour desquels les clients peuvent boire cafés ou thés.
L'investissement total s'élève à 65 000 euros, dont 11 000 pour l'achat et la réfection du camion, autofinancé à un peu moins de 50%.