Dans un monde où il est devenu la langue de communication internationale, on ne se débarrasse pas facilement de l'anglais. Dominant inévitablement, et de très loin, le marché des traductions (près de six titres traduits en français sur dix ont été initialement créés en anglais), il a vu son expansion contenue pendant quelques années. Il faisait le gros dos alors que les productions asiatiques en général et japonaises en particulier, mangas obligent, excitaient la curiosité du public, ou que les littératures nordiques se trouvaient propulsées sur le devant de la scène par le succès du polar scandinave. Le voilà retrouvant un regain de dynamisme à la faveur d'une légère contraction de l'ensemble des traductions. En littérature en particulier, qui absorbe un tiers des traductions, plus de trois romans traduits sur quatre sont traduits de l'anglais. Un poids qui n'est pas pour rien dans la fortune de certaines formules venues des Etats-Unis pour en exprimer les tendances : fantasy, bit-lit, chick-lit ou young adult.

Les écrivains, éditeurs et journalistes qui se sont offusqués, fin janvier dansLe Monde, en voyant un« sous-anglais »supplanter notre langue « jusqu'au salon Livre Paris » peuvent avoir au moins un motif de satisfaction : le feel-good book est au bout du rouleau. Non, son marché ne s'effondre pas. Non, personne ne s'apprête à débaptiser ce label imaginé outre-Atlantique pour appréhender l'émergence d'une littérature populaire ancrée dans la vie et ses inévitables drames, mais surtout légère et positive. En revanche, il perd peu à peu de son sens à mesure que les catalogues s'étoffent et se diversifient. Au fond, les romans « feel-good », ces « petites fables des temps modernes dans lesquelles puiser des leçons de vie », comme les décrit chez Eyrolles Stéphanie Ricordel, qui a découvert Raphaëlle Giordano, restent avant tout des romans, plaident leurs éditeurs. Et n'est-ce pas au fond l'apanage de tout livre de « faire du bien », sur un plan ou sur un autre ?

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