L'écrivain Michel Le Bris, qui a promu une "littérature-monde", éditeur et fondateur d'Etonnants voyageurs, est décédé à l'âge de 76 ans, le 30 janvier. - Photo JF PAGA
Disparition de Michel Le Bris
Le fondateur du festival Etonnants voyageurs, écrivain et éditeur, est décédé samedi 30 janvier à l'âge de 76 ans.
Par
Anne-Laure Walter Saint-Malo,
avec AfpCréé le
30.01.2021
à 17h05
L'écrivain Michel Le Bris, qui a promu une "littérature-monde", éditeur et fondateur d'Etonnants voyageurs, est décédé à l'âge de 76 ans samedi 30 janvier, a-t-on appris auprès du festival.
Né le 1er février 1944 à Plougasnou, près de Morlaix (Finistère), dans une famille très modeste, Michel Le Bris, après un détour par un lycée versaillais, est diplômé d'HEC en 1967. Il est rapidement happé par mai 68 et l'effervescence qui suivra. Directeur de La cause du peuple en 1970, il se retrouve huit mois en prison à la Santé pour "délit d'opinion". Aux côtés de Jean-Paul Sartre, il est aussi l'un des fondateurs de Libération en 1973.
Une autre idée de la littérature
Ce spécialiste de Stevenson promouvait une "autre idée de la littérature", non pas tournée vers soi-même mais vers le monde. Il a défendu cette ligne en tant qu'auteur, journaliste mais aussi éditeur. Il entreprit d'abord de publier chez Phébus des grands textes littéraires oubliés (ou ignorés en France) comme La route de Silverado, de Stevenson, Moonfleet de Falkner, etc.
Chez Payot, il crée la collection "Voyageurs" pour faire connaître la nouvelle vague des travel-writers anglais et américains (Redmond O’Hanlon, Colin Thubron, etc.) et les écrivains de langue française “oubliés” (Ella Maillart, Nicolas Bouvier).
Il pilotera aussi à la Table ronde une collection de nature writers ainsi que la revue Gulliver pour rassembler les petits enfants de Stevenson et de Conrad. Enfin Hoëbeke héberge la collection "Etonnants voyageurs" du nom du festival, ancré à Saint-Malo, qui fut sa grande œuvre et le vecteur de promotion et de réflexion autour de cette idée de la littérature.
Un étonnant voyageur
Interviewé par Livres Hebdo au moment des 25 ans du festival, il affirmait "cela valait la peine d’y consacrer sa vie". Ce festival, dont il était toujours le directeur, a vu défiler au gré de ses éditions des centaines d'écrivains du monde entier qu'il a contribué à faire connaître en France.
La manifestation, dont le nom puise son inspiration dans un poème de Charles Baudelaire, devait célébrer en 2020 ses 30 ans, mais a été annulée en raison de la crise sanitaire. Le festival aura d'autres éditions ont précisé sa femme et sa fille, Mélani Le Bris, qui depuis des années travaille à l'organisation du festival aux côtés de son père. "Fidèle à sa volonté et fort de son éternel enthousiasme, le festival Etonnants Voyageurs vivra, car, comme Michel l’insufflait à chacun, nous sommes plus grands que nous", affirment-elles dans un communiqué.
MIchel Le Bris intervenant lors d'une table ronde du Festival Etonnants voyageurs de Saint-Malo.- Photo GAËL LE NY / ETONNANTS VOYAGEURS
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C'est au sein de festival que va naître un manifeste "Pour une littérature-monde". Une réflexion sur la littérature sera menée d'édition en édition, comme fil rouge de la manifestation. Michel Le Bris a toujours prôné "une littérature de plein vent", "une littérature voyageuse, aventureuse, ouverte sur le monde, soucieuse de le dire", "appelant à soi tous les petits enfants de Stevenson et de Conrad de par le monde". Le tout en opposition pendant longtemps à un "certain milieu confiné" qui caractérisait alors à ses yeux les milieux littéraires parisiens.
Pendant ces années, sous la houlette de son fondateur, "Etonnants Voyageurs" a mis en pratique cette littérature voyageuse et exigeante. Parallèlement à Saint-Malo, des éditions spécifiques du festival ont vu le jour, entre autres, à Bamako, Sarajevo, Haïfa, Brazzaville, Missoula (Montana), creuset des "nature writers" américains, et bien sûr, Port-au-Prince (Haïti).
Grand prix de littérature
Michel Le Bris est par ailleurs l’auteur d’une œuvre romanesque importante, en majeure partie disponible aujourd'hui chez Points. On lui doit entre autres, L’homme aux semelles de vent (Grasset, 1977), La beauté du monde (Grasset, 2008 ) ou le magnifique Kong (Grasset, 2017).
Il a reçu en 2019 le Grand Prix de littérature (Henri Gal) de l’Académie française pour Pour l’amour des livres (Grasset) et l’ensemble de son œuvre.
Annie Ernaux, Jean-Marie Gustave Le Clézio, Orhan Pamuk et Wole Soyinka, rejoints par d’autres écrivains parmi lesquels Salman Rushdie et Roberto Saviano, demandent dans une tribune parue dans Le Point la « libération immédiate » de Boualem Sansal après l’annonce de son arrestation en Algérie. Trente écrivains lauréats du Grand prix du roman de l'Académie française se mobilisent également dans une tribune publiée dans Le Figaro.
Dans les médias cette semaine, la Grande Librairie consacre une émission spéciale à la lecture pour les enfants à l'occasion des 40 ans du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, en compagnie notamment de Daniel Pennac. Sur France Inter, Eva Bester reçoit Paul Audi pour Tenir tête (Stock), prix Femina de l’essai 2024.
Interpellé en Algérie le 16 novembre dernier à son retour de France, l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal n’a plus donné de nouvelles depuis cette date. Ses éditeurs Gallimard et Cerf font part de leur vive inquiétude. Dans un communiqué, Gallimard appelle à sa « libération immédiate ».
Par
Charles Knappek
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