Il avait la langue bien pendue, celle des faubourgs parisiens, celle qui n'y va pas par quatre chemins et qui appelle un chat un greffier. Son heure de gloire fut son procès après la parution des Sous-Offs (1889), un roman anarchiste qui brocardait les militaires français pendant le conflit de 1870 et qui déplut au ministre de la Guerre. Son côté naturaliste lui valut le soutient de Zola et un couvert à l'Académie Goncourt dont il fut président. On retrouvera la gouaille de Lucien Descaves (1861-1949) dans ce livre publié en 1913 dont Maxime Jourdan nous dit dans son introduction qu'il s'agit un peu plus qu'un récit, un document historique. C'est vrai, il avait connu des anciens de la Commune qui lui avaient raconté leur aventure, les Versaillais, les balles qui sifflent, la semaine sanglante, leur exil en Suisse pour certains et le difficile retour pour la plupart. Il fut lui-même un collectionneur compulsif de documents sur cette période.
Alors bien sûr, ça a vieilli, mais pas plus que bien des livres couronnés par les Goncourt comme Les Loups préférés au Voyage au bout de la nuit soutenu par Descaves. Ces « vieux de la vieille » - l'expression désignait les vétérans de la Commune à la Belle Epoque - nous disent quelque chose de cet esprit de 1871 avec ses professeurs de barricades, ses autodidactes en liberté et ses derniers témoins qui lui répétaient « Vous ne pouvez pas savoir... Vous n'étiez encore qu'un gamin à cette époque. »
Philémon : vieux de la vieille : roman de la Commune, de l'exil et du retour - Edition Maxime Jourdan
La Découverte
Tirage: 2 000 ex.
Prix: 22 euros ; 348 p.
ISBN: 9782348045387