Né à Tarbes en 1940, Michel Butel a lui-même passé deux ans, lors de sa jeune adolescence, en clinique psychopédagogique. Il participe dès 1963, autour de Félix Guattari, à l’aventure de la Clinique de La Borde. Un établissement psychiatrique où soignants et patients gèrent ensemble les problèmes matériels et décisionnels, au fondement, en France, de la psychothérapie institutionnelle.
Michel Butel est surtout reconnu pour avoir fondé dans les années 80 L’Autre Journal, revue mythique pour la génération Mitterrand. Un mensuel, un temps hebdomadaire, paru en 1984, et disparu en 1992, suite à des scissions internes au sujet des positions pacifistes de Butel lors de la guerre du Golfe. Le mensuel généraliste, qui mêlait poésie et politique, était nourri de collaborations régulières de Marguerite Duras, Gilles Deleuze, Jean Rolin ou encore Hervé Guibert. Sous-titré "Les nouvelles littéraires, revue élitiste à gauche de la gauche", il voulait ne s’interdire aucun sujet, et invitait les écrivains tant pour parler littérature que pour évoquer l’actualité. En 2012, Les Arènes ont d'ailleurs édité L’Autre Journal. 1984-1992, une anthologie de textes de son célèbre mensuel.
"Des voix et des pensées que personne, ou rien, ne laissait présager"
Parmi les divers journaux dont Michel Butel a également été à l’initiative, on peut lister les éphèmères L’Imprévu (quotidien dirigé avec Benard-Henri Lévy en 1975), Encore (hebdomadaire, sur l’année 1992), et L’Azur (hebdomadaire, en 1994 et 1995). Le 15 mars 2012, il lance L’Impossible, un nouveau mensuel de 128 pages, vendu 2 euros. La revue reprend fidèlement l’esprit de L’Autre Journal. "Il y a les experts, il y a les penseurs, et puis il y a le peuple. Le peuple inattendu. C’est-à-dire des voix et des pensées que personne, ou rien, ne laissait présager", écrit-il en une de l’Impossible, sur le numéro d’avril. La parution du jeune L’Impossible s’interrompt en septembre 2013, à cause de la maladie: un asthme sévère dont Michel Butel souffrait depuis des années.
En 2012, Butel était également signataire aux côtés de l’écrivain Maurice Nadeau et du philosophe Giorgio Agamben d’une tribune dans Le Monde, appelant à trouver des alternatives à la marchandisation du livre. Dénonçant la précarité de nombreux travailleurs du monde du livre et les monopoles dans la distribution, les trois fondateurs du "groupe des 451" s’attaquaient à "la pseudo-démocratisation de la culture, qui continue de se faire par le bas, et se réduit à l’appauvrissement et l’uniformisation des idées et des imaginaires pour correspondre au marché et à sa rationalité".
À Libération, qui a fait son portrait en 2011, l’année de préparation du lancement de L’Impossible, il confiait avoir choisi ce titre parce que: "tout ce qui est possible se consume".