Ses travaux ont durablement marqué l’anthropologie politique. Le 25 mars 2024, le chercheur français Emmanuel Terray est décédé à l’âge de 89 ans, et laisse en héritage plus d’une vingtaine d’ouvrages.
Né dans une famille aristocratique, Emmanuel Terray s’est rapidement détaché de son milieu social d’origine pour affuter sa pensée politique. Agrégé de philosophie, il se tourna vers l’anthropologie après une formation à l’École normale supérieure, et passa par plusieurs universités emblématiques : l’Institut d’ethnologie de l’université d’Abidjan, l’Université de Vincennes, puis l’École des Hautes Études en Sciences Sociales en tant que directeur d’étude.
Fortement influencé par le philosophe Louis Althusser et en particulier à sa conception du marxisme, Emmanuel Terray a concilié l’anthropologie avec la politique dans ses travaux : il consacre ses premiers livres à l’Afrique, ses guerres (Guerres de lignages et guerres d’états en Afrique, Ed. des Archives, 1982) et ses penseurs (Afrique plurielle, Afrique actuelle : hommage à Georges Balandier, Karthala, 1986), se penchera sur le sort des sans-papiers à partir de 2008 ainsi qu’au clivage droite-gauche.
Dans l’essai Penser à droite, paru en 2008 aux éditions Galilée, il définissait cet alignement politique comme étant celui du « réalisme, de l’ordre, la hiérarchie, l’autorité, la nation et la morale ». Et en 2013, confiait à L’Humanité qu’il s’attendait à la « renaissance d’une espérance communiste. » C’est en tout cas pour cet idéal qu’il œuvra en mobilisant les sciences sociales.