5 février > Histoire France

Au XIIe siècle, Jean de Salisbury posait un principe : "Un roi sans culture est un âne couronné." Qu’en fut-il exactement de nos monarques ? Jean-François Solnon est allé y voir de plus près, de François Ier à Napoléon III. "Découvrir les goûts personnels des rois, c’est aussi agrandir le cercle de leurs proches aux écrivains, artistes, scientifiques, dont aucun pourtant n’est "bien né", mais qui ont été honorés par le prince, et parfois comblés de faveurs."

Dans l’appétence pour les arts et les artistes, l’historien spécialiste de l’Ancien Régime et de Versailles, et auteur de La Cour de France (Fayard, 1987), montre que l’écart est grand d’un souverain à un autre. Dans le lot, deux personnalités se détachent, Louis XIV et Napoléon, à tel point que l’auteur leur consacre plusieurs chapitres. Le premier fut instruit des choses de l’esprit. Il appréciait Molière, aida Racine, se passionnait pour la musique, s’adonnait à la danse et fut un grand bâtisseur. Il fut en cela un prince de son temps, lecteur des écrivains de son époque. Tout comme Napoléon, l’autodidacte. L’Empereur avait deux passions : la lecture et les mathématiques. Il puisa dans les classiques comme chez ses contemporains ce style épuré, à la Stendhal, qui va droit à l’essentiel et que l’on retrouve en partie dans le Code civil. Mais il fut aussi grand mélomane, passionné de musique italienne et d’architecture grandiose.

Les autres laissent moins facilement paraître leurs goûts. Jean-François Solnon nous montre François Ier, mécène et créateur du Collège des lecteurs royaux, qui deviendra le Collège de France ; Henri III, amoureux de Venise, lecteur de Ronsard et soutien de Giordano Bruno ; Henri IV en bâtisseur indifférent à la littérature et aux écrivains ; Louis XIII qui préfère la chasse aux belles lettres qu’il laisse à Richelieu et à son Académie française ; Louis XV qui se rassure en compagnie des savants plutôt que des artistes qui l’intimident comme Voltaire ; Louis XVI qui a pour livre de chevet l’Histoire d’Angleterre de Hume et pour distraction les serrures ; Louis XVIII et Charles X qui se désintéressent de la création ; Louis-Philippe en souverain - boutiquier en qui Hugo reconnaît le charme d’un fauteuil confortable ; et Napoléon III qui fut léger comme la musique et le théâtre qu’il aimait et lourd comme les travaux d’urbanisme qu’il engagea avec Haussmann.

A travers cette galerie de portraits, Jean-François Solnon révèle qu’il y a toujours un minimum de culture et d’inclination pour les arts chez ces têtes couronnées, mais que ceux qui préféraient la chasse à la lecture, comme Henri IV, ne furent pas pour autant les plus mauvais des rois. L. L.

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