La semaine prochaine, la température du secteur du livre va grimper de plusieurs degrés. Dans le climat ambiant plutôt glacial, l’attente de l’annonce des premiers prix littéraires - les plus importants - mettra beaucoup d’éditeurs et d’auteurs sur le grill. Lundi 4 novembre à 13 heures tomberont le Goncourt et le Renaudot, mercredi 6 novembre le Femina et le Décembre. L’enjeu est de taille, puisque le Goncourt génère a minima des ventes de 300 000 à 400 000 exemplaires. Et donc, avec un prix de 20 euros, un chiffre d’affaires de 6 à 8 millions d’euros, des traductions dans des dizaines de pays, des enchères sur l’édition en poche. Dans ce numéro, nous avons choisi de mettre en avant les pronostics des critiques littéraires. Nous leur avons posé deux questions : « Qui l’aura ? » et « Qui mériterait de l’avoir ? ». Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre domine largement les réponses à la première question. A la seconde, Jean-Philippe Toussaint, l’auteur de Nue, prend la main. Tous deux se détachent nettement des autres auteurs figurant sur la deuxième sélection du prix.
Au revoir là-haut est aussi le préféré des 2 000 internautes qui ont voté sur Livreshebdo.fr. Ce roman néonaturaliste bien en ligne avec la tradition du Goncourt, déjà adoubé par les libraires qui l’ont placé en tête de leurs romans préférés dans le Palmarès 2013 de Livres Hebdo, l’est aussi par les lecteurs, puisque le tirage du livre a dû être porté à 100 000 exemplaires, ce qui laisse présager un « gros » Goncourt s’il l’emporte.
Une telle unanimité lui portera-t-elle chance ?
« Ne méprisons pas la rumeur. Analysée avec soin, pesée au trébuchet de la fiabilité de ses sources, elle est souvent appelée à devenir une information », nous dit Pierre Assouline, juré Goncourt, dans son livre Du côté de chez Drouant. La rumeur donne donc gagnant Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre. A en croire Pierre Assouline, c’est une information.
Autre information : les membres de la rédaction de Livres Hebdo donnent également Pierre Lemaitre « goncourable » (comme dit désormais Le petit Robert), avec Karine Tuil et Frédéric Verger en challengers. Mais Sylvie Germain et Jean-Philippe Toussaint arrivent à égalité en tête des écrivains qui mériteraient le Goncourt. Verdict le 4 novembre.