S'acclimater à l'explosion documentaire actuelle (livres, Web, bases de données, documentation électronique, etc.) n'est pas une mince affaire pour les étudiants. C'est pourtant un atout majeur et un facteur de réussite, comme en témoigne la deuxième phase du plan "Réussite en licence", lancée le mois dernier par le ministère de l'Enseignement supérieur, qui accorde une place importante à l'acquisition par les étudiants de compétences en recherches documentaires.
C'était d'ailleurs le thème des débats du congrès annuel de l'Association des directeurs de bibliothèques universitaires qui a rassemblé 210 congressistes à Vannes du 15 au 17 septembre. Brigitte Pasquier, professeure de documentation en sciences à l'université du Havre, a expliqué comment elle travaillait avec des petits groupes d'étudiants de premier cycle, les guidant dans la bibliothèque et leur apprenant à vérifier la fiabilité des informations qu'ils trouvaient sur Internet. "On ne peut pas dire qu'ils soient fans de ce type d'apprentissage, reconnaissait-elle, mais lorsqu'ils comprennent que savoir chercher peut contribuer à la réussite de leurs études, ils sont nettement plus motivés." De son côté, Hélène Josse, enseignante et chargée de mission "Evaluation des formations et aide à la réussite" à l'université de la Sorbonne Nouvelle Paris-3, a souligné l'implication inégale des départements de l'université dans les séances de méthodologie menées par les bibliothèques.
L'enseignement en ligne, en plein essor, a été illustré par plusieurs exemples, dont la plateforme Moddle de l'université de León en Espagne, qui permet d'obtenir un diplôme d'information et de documentation en quatre ans, ou encore les environnements numériques d'apprentissage proposés au Québec. "Nous sommes aux premières loges pour conquérir les étudiants, a dit Vicky Gagnon-Mountzouris, bibliothécaire à l'école de technologie de Montréal, ne laissons pas notre place aux techniciens." Pour Denis Berthiaume, responsable du centre de soutien à l'enseignement de l'université de Lausanne : "Pédagogie innovante ne veut pas dire forcément recours aux TIC (1). Il s'agit d'impliquer plus fortement les étudiants dans le processus d'apprentissage." C'est précisément ce qu'a illustré l'expérience de la bibliothèque Murhard de Kassel, en Allemagne. Sa responsable, Susanne Rockenbach, a expliqué comment son établissement était passé du concept de "teaching library", où un bibliothécaire expliquait le fonctionnement d'un catalogue, au concept de "learning library", dans lequel les élèves travaillent par petits groupes de manière autonome sur des exercices concrets.
"Vous êtes des bibliothécaires formateurs, les promoteurs de la communauté universitaire au service des étudiants, concluait Camille Galap, président de l'université du Havre et invité comme grand témoin à ce colloque. Il vous faut occuper le terrain, faire du buzz en permanence. »
(1) Technologies de l'information et de la communication.
