Antoine Gallimard, «choqué» par le pamphlet de Richard Millet sur le tueur norvégien Anders Breivik, «réitère toutefois la confiance que son activité d'éditeur» lui inspire, a-t-il indiqué vendredi 31 août à l'AFP.
«Dès mon retour je m'entretiendrai personnellement avec Richard Millet et déciderai en conscience», ajoute cependant le P-DG des éditions Gallimard, réagissant à la violente polémique provoquée par le texte de cet écrivain et membre du comité de lecture de Gallimard, Eloge littéraire d'Anders Breivik, paru le 22 août aux éditions Pierre-Guillaume de Roux.
«Absent de Paris, j'ai été informé du scandale déclenché par la publication du pamphlet de Richard Millet. Je suis choqué par les idées qu'il exprime: utiliser cette effroyable tragédie pour illustrer la fin de notre civilisation occidentale est particulièrement déplacé», souligne Antoine Gallimard dans un message transmis à l'AFP.
«Je lui réitère toutefois la confiance que son activité d'éditeur m'inspire, et espère qu'il saura préserver celle que les auteurs avec qui il travaille lui accordent», ajoute-t-il.
Ecrivain reconnu, auteur d'une cinquantaine de livres, Richard Millet, 59 ans, a été l'éditeur des Bienveillantes de Jonathan Littell, prix Goncourt 2006, et de L'art français de la guerre d'Alexis Jenni, prix Goncourt 2011.
Dans son texte de 18 pages, publié à la fin de son essai Langue fantôme (et le même jour qu'un autre essai, De l'antiracisme comme terreur littéraire, et qu'un récit, Intérieur avec femmes), qui a provoqué la stupéfaction et l'indignation de nombreux intellectuels, dont plusieurs auteurs Gallimard, Richard Millet voit en Breivik «un enfant de la ruine familiale autant que de la fracture idéologico-raciale que l'immigration extra-européenne a introduite en Europe depuis une vingtaine d'années». Précisant qu'il «n'approuve pas les actes commis par Breivik», il se dit pourtant «frappé par leur perfection formelle, donc, d'une certaine façon, et si tant est qu'on puisse les détacher de leur contexte politique, voire criminel, par leur dimension littéraire, la perfection, comme le Mal, ayant toujours peu ou prou à voir avec la littérature.»
Le 24 août, Anders Breivik a été condamné à 21 ans de prison en Norvège, peine qui peut être prolongée tant que le coupable du massacre de 77 personnes le 22 juillet 2011 est considéré comme dangereux.