La commissaire Romano n'est pas franchement sympathique, ni compatissante, ni affectueuse. Elle fait nettement sentir à son collaborateur l'adjudant Clément qu'il est un imbécile, mais zélé. A son adjoint, le capitaine Tellier, un intello écorché vif et révolté, qu'il la fatigue souvent. A son amant, Joao, l'architecte portugais qu'elle rejoint de temps en temps à Porto pour des week-ends crapuleux, qu'il n'est pas question qu'elle s'engage dans leur relation, alors qu'il est amoureux d'elle. Et même ce pauvre Ruru, le matou qu'elle a recueilli malgré elle, le ressent. La preuve, il souffre de boulimie, commence à détériorer des objets. Diagnostic du zoopsychiatre chez qui elle consent à l'emmener : dépression !

Mais voilà, Romano, affectée à Lille, est un excellent flic. Pugnace, intuitive, méthodique, et qui ne lâche rien jusqu'à ce qu'elle ait résolu une affaire. Et puis, à la fin, même, on la découvre plus tendre qu'il n'y paraît. Quant à l'intrigue, aux allures chabroliennes, elle passe un peu au second plan.

François-Xavier Tourtier, entrepreneur véreux, escroc notoire, meurt subitement devant le buffet de la réception, où, un soir, on lui remet la Légion d'honneur. Motif : réaction anaphylactique foudroyante à la crevette, pour cause d'allergie. Or, aucune crevette au menu. Qui l'a assassiné ? Sa veuve, Ariane, trop parfaite, trop lisse ? Son associé, Benjamin Locatelli ? Arnaud Vancel, le trader qui a fait de la prison à la place de Tourtier ? M. de Courcel, 85 ans, le grand-père d'Ariane, qui le détestait ? Ou même le séduisant père Criaud, un curé athée, très proche d'Ariane ? On ne l'apprendra que tout à la fin, lorsque la commissaire atypique (en plus, c'est une fille de la riche bourgeoisie, élevée chez les sœurs) aura dénoué l'écheveau, et mis Ruru au régime.