Le Nouvel Observateur a partagé sa « Une » en deux : un tiers « Tout sur la crise » et deux tiers « Le pouvoir intellectuel en France ». C’est très Obs , ça, comme dossier, « Le pouvoir intellectuel en France ». Et c’était supposé répondre au fameux pavé dans la marre de Time sur « la mort de la culture française ». Ça y répond, oui. Et de quelle étrange manière ! 8 pages de dossier. Deux d’introduction, et ensuite 6 pages titrées « L es 50 stars de la pensée ». Je ne sais pas ce qu’est, au juste, une « star de la pensée ». Mais avouez qu’il y a un glissement avec le titre de couverture : passer du « Pouvoir intellectuel en France » aux « Stars de la pensée », c’est comme passer de Brel à la « Star Ac ». Du reste, la liste des « 50 stars » en question est pleine de surprises : A côté de quelques « cautions » incontestables comme Claude Lévi-Strauss, Pierre Nora, Edgar Morin ou Marc Fumaroli, on trouve André Glucksmann, Alain-Gérard Slama et même Nicolas Baverez ! Après les 5 pages, il y a quinze jours, sur le nouveau « livre » d’Alain Minc (tiens, il n’est pas dans les « 50 stars » : un oubli, sûrement), et les bonnes feuilles, la semaine dernière, du Houellebecq/BHL, dont le Canard Enchaîné nous apprend, ce dont on se doutait déjà, qu’elles ont été imposées par le nouveau directeur de la rédaction, L’Obs est décidément en pleine mutation. Mais si c’est pour nous asséner que Nicolas Baverez est une star de la pensée, je ne suis pas sûr de continuer à le lire longtemps. A tant faire, je préfère encore VSD : c’est tout aussi « cheap », mais c’est sans prétention, et au moins, c’est plus drôle. Dans la dernière livraison, Benoîte Groult est interviewée sur une pleine page. Et les questions sont de fond : « Pourquoi vous êtes-vous fait lifter ? », par exemple (sic). Moi, quand je vois une question comme ça, c’est sûr que je me précipite sur la réponse… *** Il avait l’œil qui pétillait, François Busnel, jeudi soir, au moment de lancer, en direct, sa « Grande librairie » (sur France 5 ). C’est qu’aidé par les hasards du calendrier, il avait réussi un beau coup : il réunissait sur son plateau Jean Echenoz, qu’on voit rarement à la télé, et Le Clezio, qu’on voit tout aussi rarement, et qui venait de se voir décerner quelques heures plus tôt le Nobel de littérature. On l’a déjà dit ici, Télérama est du même avis, qui l’encense : Busnel réussit la meilleure émission littéraire du PAF. Une fois encore, il a montré qu’il était à la hauteur de ses invités. Le lendemain soir, France 2 avait déprogrammé un excellent Labiche ( L’affaire de la rue de Lourcine ) pour nous imposer un numéro prétendument exceptionnel du « Café littéraire » de Picouly, avec Houellebecq et BHL. En pleine tourmente boursière, et au lendemain du Nobel de Le Clezio, c’est peu de dire que le « coup marketing » de la semaine précédente faisait déjà vieux jeu. Et une fois encore, l’émission suppurait un ennui insondable. Picouly ne sait définitivement pas mener un débat : quand BHL (qui essayait de sauver les meubles) expliquait que « l’écriture était une activité physique », Picouly aurait dû interpeller Houellebecq là-dessus, au lieu de quoi ses relances manquaient perpétuellement d’à-propos. J’ai zappé au bout de 15 minutes. Le verdict médiamétrie du lendemain fut sans appel : nouvel échec d’audience. Comme fut un échec d’audience la première, sur TF1 , du nouveau magazine littéraire de Michel Field. Je n’ai même pas regardé : le titre est trop stupide (« Au Field de la nuit »). « Vol de nuit », programmé à la même heure impossible (minuit), ça avait au moins un peu plus d’allure…

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