Marché

Les éditeurs convertis au numérique peuvent s’en féliciter, selon le premier "baromètre KPMG de l’offre de livres numériques en France" (1) : certes les ventes sont encore marginales, représentant de 1 à 4 % du chiffre d’affaires (CA) de près des trois quarts des répondants concernés, mais elles constituent de nouvelles recettes qui ne cannibalisent pas le livre papier. Pour la moitié des grandes maisons (CA supérieur à 50 M€), ces recettes dépassent 3 millions d’euros. Mais 37 % des éditeurs ayant un catalogue numérique avouent ne pas en connaître les ventes. Si tous les groupes proposent des ebooks, plus de la moitié des petites maisons n’en ont pas, de même que 20 à 25 % des entreprises moyennes (5 à 20 M€ de CA). Et 12,5 % seulement des spécialistes du beau livre utilisent ce support.

Pour 10 à 20 % des répondants, le numérique permet d’atteindre une meilleure rentabilité, dans un contexte équilibré : "Quels que soient les niveaux de dépenses engagées, les éditeurs ont pu générer un chiffre d’affaires numérique suffisant pour les compenser", notent les auteurs du baromètre. "Dans les groupes, le numérique est maintenant intégré à la chaîne de production", indique Joëlle Tubiana, associée de KPMG qui a piloté cette étude. "La plupart des analyses existantes restent tournées vers la demande. Nous apportons un éclairage sur le développement de l’offre numérique et son impact sur les comptes des éditeurs", explique-t-elle.

Les droits restent maîtrisés, alors que l’accord-cadre entre auteurs et éditeurs n’a pas encore de traduction réglementaire : 54 % des éditeurs vendant des ebooks appliquent les mêmes taux que sur le papier, quand ils sont calculés par rapport au prix public hors taxe (75 % des cas). Lorsqu’ils versent un pourcentage supérieur, 62,5 % des éditeurs accordent 50 % de plus, et 12,5 % d’entre eux doublent le taux du papier. Un tiers des éditeurs ont prévu une clause de rendez-vous pour les droits numériques, mais la proportion double en jeunesse et BD, les deux secteurs dont les auteurs sont les plus mobilisés sur le sujet.

90 % des éditeurs fixent un prix numérique inférieur à celui du papier, et 14 % d’entre eux testent les promotions, plus faciles à gérer qu’en papier. 21 % seulement révisent leur tarif quand le poche est publié. Parimis eux, 12 % alignent le numérique sur le poche, et 7 % proposent un prix inférieur, preuve de la prudence avec laquelle l’édition avance sur ce marché. Hervé Hugueny

(1) 56 répondants, dont 5 groupes avec l’ensemble de leurs filiales. Etude complète (20 thèmes, 50 questions) disponible sur Livreshebdo.fr.


06.03 2014

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