Lors du cocktail organisé mardi 5 mai à Paris par Actes Sud pour célébrer l’attribution à Kamel Daoud du Goncourt du Premier roman pour Meursault, contre-enquête, Sofiane Hadjadj était de la partie. Et pour cause. Le fondateur, avec sa compagne Selma Hellal, de la maison algérienne Barzakh, a été son premier éditeur en 2013. "Nous sommes très fiers et très heureux pour Kamel : ce prix montre bien que l’imaginaire littéraire algérien est plus qu’universel", se félicite-t-il. Barzakh, qui fête cette année son 15e anniversaire, compte aujourd’hui huit employés et un catalogue de 200 titres, qui s’enrichit en moyenne d’une vingtaine de références par an. "Barzakh s’efforce, depuis quinze ans, de suivre le chemin que nous avons choisi, celui de défendre les auteurs algériens vivant en Algérie", revendique Sofiane Hadjadj. Une voie saluée par le grand prix de la Fondation Prince Claus pour la culture et le développement reçu en 2010, comme par la reconnaissance des auteurs qu’il publie. Mais le jour même où Kamel Daoud était fêté chez Actes Sud, le Parlement algérien adoptait une loi controversée pour encadrer l’édition. "Il est plutôt positif que l’Etat algérien veuille combler un vide concernant la politique du livre", convient Sofiane Hadjadj. Mais l’éditeur se dit aussi "un peu circonspect. Les livres et les auteurs sont le trésor de l’Algérie, il faut à tout prix préserver cette liberté d’écrire, cette liberté d’imaginaire".
Emmanuelle Bour