Très attendu, le tête-à-tête entre les deux géants de la littérature contemporaine a clôturé en beauté le 30e Salon du livre, réunissant mardi plus de 500 personnes.
Parce que c'est “la langue de leur amitié”, Salman Rushdie et Paul Auster, qui se connaissent depuis la fin des années 1980 et parlent français, avaient choisi de converser en anglais, sous la houlette d'Augustin Trapenard du Magazine littéraire.
Les deux auteurs sont revenus sur leur rencontre, quelques mois après la condamnation des Versets sataniques de Rushdie par l'ayatollah Khomeini.
“Cette fatwa, je l'ai prise comme une insulte personnelle contre les écrivains, s'est souvenu Paul Auster. Et je lui avais fait transmettre mon amitié.”
Emu à l'évocation de ce souvenir, Salman Rushdie a rappelé que c'est grâce à l'engagement des intellectuels, des libraires, éditeurs et écrivains, mobilisés face à cette attaque contre la littérature, que le combat a pu être gagné.
Les deux auteurs invités ont avoué l'importance de l'avis de l'un sur le travail de l'autre, rappelant avec humour que “des écrivains copains ne parlent pas que de livres, mais aussi d'argent, de sport, d'amour, de bouffe... et de critiques littéraires quand même !”
Si la première demi-heure du débat a été marquée par l'évocation de souvenirs, la suite de l'entrevue est devenue plus littéraire. Installés à New York, ils ont expliqué être fascinés par la ville.
“La façon dont j'écris est influencée par les villes. J'en aime le bruit, les odeurs, les violences”, a reconnu Salman Rushdie.
Il est revenu sur son ouvrage paru aux Etats-Unis le 11 septembre 2001 : “Ce livre né dans le chaos racontait la chaleur de la ville. Il a été reçu avec beaucoup de nostalgie. Il est devenu pour les lecteurs un «livre 10-Septembre»”.
Trop vite passé au goût de certains, ce tête-à-tête littéraire, simple et lumineux, s'est terminé sur une séance de dédicaces des deux auteurs particulièrement intense : les files d'attente s'étiraient presque jusqu'à l'entrée du salon.