Intelligence artificielle

Au Parlement européen, les industries culturelles mobilisées « pour une mise en œuvre effective » du règlement sur l'IA

Le Parlement européen - Photo Hervé Chatel/Hans Lucas/AFP

Au Parlement européen, les industries culturelles mobilisées « pour une mise en œuvre effective » du règlement sur l'IA

De nombreux représentants des industries culturelles et créatives se sont rassemblés au Parlement européen le 20 mai pour « demander aux décideurs politiques de l'Union européenne de défendre les principes de transparence, de consentement et de protection des créateurs ». Cette mobilisation intervient en réponse à la présence grandissante de l'intelligence artificielle dans les productions de contenus culturels.

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Par Charles Knappek
Créé le 21.05.2025 à 19h53

L'intelligence artificielle est partout. Et son développement exponentiel préoccupe les représentants des industries culturelles et créatives : le 20 mai au Parlement européen, ces derniers ont fait part de leur vive inquiétude quant à l'orientation actuelle de la mise en œuvre de la politique en matière d'IA dans l'Union européenne. Ils ont notamment insisté sur la nécessité d'une participation significative du secteur de la création à l'élaboration de normes qui régiront le développement et l'utilisation de l'IA, en particulier lorsqu'elle touche au contenu créatif.

Parmi les intervenants figuraient le guitariste et cofondateur du groupe suédois Abba Björn Ulvaeus, également président de la Confédération internationale des sociétés d'auteurs et compositeurs (Cisac), ainsi qu'Olivier Nusse (Universal Music France), Christian van Thillo (DPG Media), Anne-Sylvie Bameule (Actes Sud), et Jesús Badenes del Río (Branche Livres de Planeta). 

Large coalition

Toutes ces personnalités, qui représentaient une large coalition d'auteurs, d'interprètes, d'éditeurs, de producteurs et d'entreprises culturelles se sont exprimées sous le parrainage des députés européens Brando Benifei et Michael McNamara et ont aussi souligné l'urgence d'une mise en œuvre rigoureuse du règlement sur l'IA. Adopté par l'Union européenne, l’AI Act est entré en vigueur le 1er août 2024.

Björn Ulvaeus, cofondateur d'ABBA et président de la CISAC, a déclaré : « Nous ne devons jamais nous laisser séduire par l'idée fausse que, dans la fuite en avant vers le nouveau monde de l'IA, les intérêts des créateurs doivent être mis de côté. Cette approche ne fonctionnera pas - ni pour le secteur créatif, ni pour l'économie, ni pour la culture, ni même pour le secteur technologique dont les vastes revenus tirés de l'IA, ne l'oublions pas, proviennent d'œuvres créatives protégées par le droit d'auteur et réalisées par des êtres humains. La solution doit être gagnante à la fois pour les créateurs et l'industrie technologique. Cela ne peut se faire qu'avec une législation qui protège réellement et efficacement les créateurs ».

« La fausse transparence de l'IA »

Anne-Sylvie Bameule, présidente du groupe Actes Sud, a ajouté que « la fausse transparence de l'IA telle qu'elle est actuellement proposée par la Commission européenne permettra aux entreprises d'IA de continuer à piller des millions de livres en toute impunité. Le marché du livre est déjà inondé de « faux livres » qui non seulement menacent le plus grand secteur culturel européen mais peuvent également mettre en danger les consommateurs. Le législateur européen a clairement dit “ça suffit”, il est temps que la Commission fasse ce que dit la loi ».

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Jesús Badenes del Río, directeur général de la division Livres du groupe Planeta, a souligné que "la pleine application du cadre juridique du droit d'auteur et le développement de modèles d'IA ne doivent pas être considérés comme des objectifs contradictoires. Le respect de la créativité exige une transparence totale et rigoureuse sur toutes les œuvres utilisées pour entraîner les modèles génératifs d'IA. Nous ne devons pas oublier que notre société ne tire pas ses meilleurs contenus créatifs uniquement du fait de la bienveillance des auteurs, mais aussi de l’intérêt propre qu’y trouvent ces derniers, comme l'a établi Adam Smith en 1776 dans son ouvrage fondamental La richesse des nations. Nous encourageons les législateurs européens et la Commission européenne à agir de manière stratégique en ce qui concerne l'un des véritables piliers de la prospérité et de la démocratie".

Dans un communiqué diffusé jeudi 21 mai, le Syndicat national de l'édition s'est associé à la démarche, rappelant que « cette initiative relaie un appel commun pour que la transparence, le consentement et la rémunération soient au cœur de la mise en œuvre de l'IA. La coalition a souligné que l'IA et la créativité peuvent prospérer ensemble si les règles respectent les personnes dont le travail alimente ces technologies. »

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