Régis Roinsard se lance le défi d’adapter le best-seller d’Olivier Bourdeaut. Pour incarner le couple fantasque, il a fait appel à deux valeurs sûres du grand écran, Virginie Efira et Romain Duris. Fous amoureux, Camille et Georges aiment organiser de grandes fêtes, imaginer des châteaux en Espagne et danser sur leur chanson, Mr Bojangles. Dans ces années 1950-1960, l’insouciance est leur seule boussole, avec leur enfant, Gary, comme témoin de leur bonheur. Mais Camille va parfois trop loin et met en péril ce paradis artificiel. Contrairement au livre où la narration était du côté de l’enfant, ici, le point de vue est celui du père, celui qui doit choisir entre sa passion et sa raison, sa femme et son fils. Plus dramatique, et en cela un peu moins fantaisiste, le film reste une ode à l'amour absolu.
Cinq ans après sa parution en janvier 2016 chez Finitude, En attendant Bojangles arrive sur grand écran. Entre-temps, le roman d’Olivier Bourdeaut a été l’un des plus beaux succès surprises de l’édition ces dernières années. Couronné par les jurys, il a le prix du Roman des étudiants France Culture-Télérama, le grand prix RTL-Lire, le prix roman France Télévisions et le prix Emmanuel Roblès. Il a été plébiscité par les lecteurs : 310 000 exemplaires pour le grand format, 350 000 pour le poche (Folio, 2017, réédité en 2019). Il a aussi été adapté pour la scène avec succès en 2018 à La Pépinière avant d’être repris au théâtre de la Renaissance. Enfin, Finitude a publié en 2020 une version illustrée par Christian Cailleaux. Et Steinkis l’a transposé en bande dessinée (scénario d’Ingrid Chabbert, dessin de Carole Maurel) en 2017. Une réédition est programmée pour le 6 janvier 2022.
Twist à Bamako de Robert Guédiguian
Scénario original et romanesque, et loin de Marseille, de Robert Guédiguian et Gilles Taurand, le film nous plonge dans le Mali de 1962, frâichement indépendant. Mais le pays se divise entre chefs tribaux traditionnalistes, patrons capitalistes et exploiteurs, gouvernement socialiste qui vire à l'autoritarisme, et une jeunesse avide de changements et de musiques rock et yé-yé. Dans ce chaos calme en surface, Samba, fils révolutionnaire d'un riche commerçant, rencontre Lara, jeune fille mariée de force. Leur amour va être rapidement menacé. Mais ils espèrent que, pour eux comme pour le Mali, le ciel s'éclaircira... Dans le film, porté par un bel élan dramatique, Guédiguian fait intervenir le personnage du photographe Malick Sidibé, légende dans son art, disparu en 2016. Le cinéaste reproduit des scènes entières issues de ses clichés propagés dans tous les musées du monde.
On peut retrouver dans plusieurs ouvrages récents les photos de ce Mali des sixties : Malick Sidibé, beau-livre paru chez Actes Sud dans la collection "Photo poche" en 2013, Malick Sidibé, le partage, avec des textes Gaël Teicher (éditions de l'Oeil, 2013), le catalogue de l'expo à la Fondation Cartier en 2017, Malick Sidibé : Mali Twist (atelier EXB), celui de l'exposition au Musée Barbier-Mueller à Genève, Sous l'œil de Malick Sidibé (Slatkine, 2019), ou la retranscription d'une conférence de l'artiste à l'ENS des beaux-arts de Lyon en 2010, L'art finira par gagner (Rotolux, 2020).
Pour finir, soulignons que Robert Guédiguian, en dialogue avec Christophe Kantcheff, a confié sa vision politique dans un tour d'horizon des questions contemporaines à la veille de l'élection présidentielle française de 2022 dans un livre publié en novembre, Les lendemains chanteront-ils encore? A voir Twist à Bamako, ce n'est pas certain...